Intervention de Paul Giacobbi

Séance en hémicycle du 29 avril 2014 à 15h00
Déclaration du gouvernement sur le projet de programme de stabilité 2014-2017 débat et vote sur cette déclaration

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaPaul Giacobbi :

Les fils prodigues de la pensée keynésienne pensent avoir hérité de leur maître la formule magique selon laquelle toute dépense publique contribue à la croissance et toute dépense sociale, tendant à corriger les inégalités, renforce l’économie.

Les néo-rigoristes analysent depuis un demi-siècle les statistiques pour tenter de démontrer à l’inverse que seule la rigueur finit par porter les fruits de la croissance, mais leurs recherches sont entachées d’erreurs de calcul et de méthodologie, comme celles qui ont été reprochées par la critique académique aux professeurs Rogoff et Reinhart, tandis que l’expérience récente des cures de rigueur budgétaires tend à démontrer qu’elles permettent de guérir efficacement des économies malades avec malheureusement l’effet secondaire de les tuer.

Il est en revanche utile, face aux chiffres et aux faits, de souligner l’incroyable paradoxe par lequel la technocratie budgétaire de l’Europe nous impose l’austérité au moment même où la technocratie monétaire de l’Europe s’apprête à ouvrir à nos banques un crédit gratuit, renouvelable et sans contreparties financières de mille milliards d’euros, venant s’ajouter à plus de deux mille milliards d’euros déjà accordés depuis 2007 à notre appareil bancaire européen. Les banques ont commis des folies, ont surfé sur les vagues spéculatives et joué au casino de la finance mondialisée en adossant leurs mises sur les dépôts de leurs clients.

Pour les sauver, les autorités monétaires ont ouvert un crédit gratuit et pratiquement illimité tandis que tout l’effort de réglementation destiné à prévenir de nouvelles crises spéculatives a produit des montagnes de papier qui se traduisent par presque rien en termes de contraintes réelles.

Il est heureux que les peuples à qui l’on impose tant de sacrifices soient à ce point ignorants des politiques monétaires qu’ils ne perçoivent même pas la monstrueuse injustice qui leur est faite et qui aboutit à ce que les banques aient droit à tout, y compris la rémission de leurs fautes sans se voir imposer aucun purgatoire financier, tandis que les peuples doivent payer comptant et avec intérêts et pénalités les erreurs commises par leurs dirigeants.

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