Intervention de Hervé Mariton

Séance en hémicycle du 29 avril 2014 à 15h00
Déclaration du gouvernement sur le projet de programme de stabilité 2014-2017 débat et vote sur cette déclaration

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaHervé Mariton :

Nous venons de vivre, monsieur le Premier ministre, deux années extrêmement difficiles pour notre pays : deux années difficiles pour les Français, avec un nombre croissant de chômeurs, deux années difficiles marquées par l’augmentation des impôts, deux années difficiles pour nos entreprises, marquées par le déclin que votre politique a provoqué.

Dans une telle situation, il faut réagir. Vous nous dites vouloir le faire à votre manière et selon vous, monsieur le Premier ministre, nous vivrions aujourd’hui un moment de vérité. Chiche !

Chiche, car ce moment de vérité est nécessaire. Il est nécessaire parce que votre bilan, au fil de ces deux années, est catastrophique. Il est nécessaire car, au-delà de ces résultats tragiques, nul ne sait en réalité où vous voulez mener l’économie de notre pays.

Ces deux dernières années, tantôt vous avez aggravé la charge des entreprises, tantôt vous l’avez allégée. Tantôt vous leur avez imposé des contraintes nouvelles, tantôt vous avez tenu un discours plus aimable à l’égard de l’économie et des entreprises.

Alors, où en sommes-nous aujourd’hui ? Les plus aimables à votre égard, il y a quelques semaines à peine, déclaraient que le problème n’était pas que vous ayez une mauvaise politique économique. Mauvaise, elle l’est certes, par ses résultats. Et certains disaient : « Mais au fond, y a-t-il une politique économique du Gouvernement ? »

Les plus aimables concluaient qu’en réalité, il y a deux politiques économiques, de sens contraires !

Les plus optimistes, ce soir, pourraient dire qu’enfin, vous avez choisi. Enfin, vous auriez choisi d’honorer les entreprises, d’interrompre le matraquage fiscal, de simplifier. Enfin, vous auriez choisi de ne plus enfermer nos concitoyens dans cette politique malheureuse qui les assomme depuis deux ans.

C’est une partie du discours que vous tenez. C’est un discours aimable, qu’il peut être agréable d’entendre.

Hélas, monsieur le Premier ministre, si vous semblez dans le discours, après deux années d’errance, avoir choisi une voie qui serait moins mauvaise, en réalité, dès qu’on regarde le contenu de votre plan, dès qu’on regarde les chiffres, on s’aperçoit que vous mentez aux Français.

Vous mentez aux Français, monsieur le Premier ministre, dans le programme de stabilité dont nous parlons beaucoup, mais vous mentez aussi dans ce programme national de réformes que vous présentez en même temps, qui n’est que reculades et contre-vérités.

Monsieur le Premier ministre, sans doute votre orientation générale et votre discours peuvent-ils paraître plus aimables, mais vous masquez aux Français l’effort à réaliser.

Vous le masquez de plusieurs manières. L’une est sans doute usuelle, mais vous l’aggravez beaucoup. Pour un foyer normalement constitué, faire des économies, c’est dépenser moins. Pour le budget de l’État, avec votre Gouvernement et d’autres avant, faire des économies, c’est ralentir l’augmentation de la dépense.

Jusque là, rien que de très classique, même si ce n’est guère brillant. Mais vous faites mieux, messieurs les ministres. Prenons un exemple précis ; dans ce genre de débat ce peut être utile.

Vous décidez de poursuivre la non-indexation de l’indice de la fonction publique et vous dites que c’est une économie. Mais poursuivre ce blocage, ce n’est pas dépenser moins ; ce n’est pas non plus arrêter une progression, puisqu’elle était déjà arrêtée. Au risque d’être un peu parodique, je vous invite à envisager le chemin de bon sens sur lequel vous pourriez progresser, monsieur le Premier ministre. Pour certains, faire des économies, c’est diminuer les dépenses. Pour d’autres, sans doute plus savants, cela porte sur des dépenses qui viendraient en plus. Pour vous, c’est économiser sur des dépenses supplémentaires qui ne sont pas réellement supplémentaires, mais qui auraient pu être !

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