Intervention de Gilbert Collard

Séance en hémicycle du 29 avril 2014 à 15h00
Déclaration du gouvernement sur le projet de programme de stabilité 2014-2017 débat et vote sur cette déclaration

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaGilbert Collard :

Monsieur le Premier ministre, j’ai du mal à définir avec précision votre pacte. Est-il de responsabilité, est-il de stabilité, est-il de vassalité, est-il de versatilité ? Je vous ai écouté avec beaucoup d’intérêt et sans préjugés, et je vous ai entendu dire le contraire de ce que vous faites.

Qui dit pacte dit, forcément, paix, or, votre pacte fait la guerre, hors au capital auquel il accorde 50 milliards. Il fait la guerre aux petits, et vous le savez. Ce sera le pacte des claque-dents, le pacte des crève-misère, le pacte de petits qui souffriront parce qu’il faut que, dans quelques jours, vous présentiez votre copie à la Commission de Bruxelles !

Et alors, que l’on soit de gauche ou de droite, on oublie la toute-puissance des banques, le dogme eurocratique, comme cela a été dit – et il est vrai que ce dogme existe et qu’il nous écrase –, on oublie la technocratie budgétaire de Bruxelles tatillonne et torturante – c’est à cause d’elle que ce pacte est un piège –, ou oublie la toute-puissance des banques, je le répète.

Déflation, stagnation, chômage, désindustrialisation, pauvreté, tant pis ! Bruxelles commande et l’on doit se rendre à Canossa pour respecter son diktat, celui de Berlin et de Washington.

Oh, vous le paierez un jour ! Je me rappelle ce que je vous ai dit il y a de cela quelques mois : un moment viendra où vous serez cinquante sur vos bancs. Mais j’étais excessif : un jour, vous serez trente à vous compter comme des petits pois – sans vouloir évidemment citer Nicolas Sarkozy.

Bientôt, nous aurons l’accord de libre-échange avec les États-Unis et tout sera dit.

Ce pacte ne comporte aucune réforme structurelle. L’aide médicale d’État ? Vous n’y touchez pas, et vous allez injecter 600 millions supplémentaires dans la politique de la ville, pudique dénomination d’un clientélisme d’État. Voilà !

Vous avez décidé de ne faire aucune réforme de structure. Vous avez décidé que l’on ne toucherait pas à ce qui pourrait peut-être nous permettre de nous libérer de ce piège.

Et l’on fera des sacrifices, et l’on demandera au peuple des fonctionnaires, au peuple des retraités, au peuple des épargnants, au peuple des petits, des tout-petits, de se sacrifier encore plus !

Alors, pour que votre majorité ne grogne pas et pour qu’elle vote, vous concédez quelques petits sacrifices dans les économies prévues sur les retraites. Mais la réalité, ouvrez les yeux, c’est que les Françaises et les Français, même si vous concédez que l’impôt est désormais trop lourd, souffriront et devront payer très chèrement notre obligation d’obéissance aux diktats européen, allemand et américain !

Alors, monsieur le Premier ministre, vous citez souvent Clemenceau, vous citez souvent Pierre Mendès-France, de grands hommes…

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