Intervention de Gaby Charroux

Séance en hémicycle du 29 avril 2014 à 15h00
Déclaration du gouvernement sur le projet de programme de stabilité 2014-2017 débat et vote sur cette déclaration — Explications de vote

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaGaby Charroux :

Monsieur le Premier ministre, mesdames, messieurs les ministres, mes chers collègues, le débat de cet après-midi confirme nos craintes : la trajectoire des finances publiques que vous soumettez à notre examen, de manière consultative, à travers le pacte de responsabilité 2014-2017, est présentée comme la seule option pour affronter l’avenir.

À vous entendre, si nous ne nous plions pas face aux exigences de l’Union européenne, des grands groupes et de la finance internationale, point de salut pour notre pays et nos concitoyens. Si nous ne mettons pas en oeuvre, tant dans la réorganisation territoriale de la France que dans notre modèle social, les remèdes de la doxa libérale, nous enfoncerions notre pays dans une crise sans fin. C’est le « no alternative » dont parlait mon collègue Nicolas Sansu un peu plus tôt dans le débat.

Comment le comprendre ? Comment l’accepter ? Comment nos concitoyens qui souffrent du chômage, de la pauvreté, de la précarité et du renoncement aux soins vont-ils accepter de partager – selon votre expression – les efforts avec ceux qui s’enrichissent beaucoup plus chaque jour ?

En France, comme partout en Europe, c’est bien sûr l’austérité qui est à l’origine de toutes les récessions, de tous les mal-être, de tous les mal-vivre, mais aussi de toutes les contestations. Je pense, par exemple, aux 9 millions de Français qui vivent au-dessous du seuil de pauvreté.

L’État a beau déverser, depuis des années et sous toutes les formes possibles, des milliards d’euros dans les caisses des grands groupes, cela n’a pas créé d’emploi – toutes les études le confirment –, pas plus que cela n’a empêché la moindre fermeture d’entreprise. Malgré cela, l’État poursuit dans cette voie ; vous versez au tonneau des Danaïdes 40 milliards d’euros supplémentaires, sans contrepartie ni discernement en fonction des secteurs et de la taille des entreprises.

Les collectivités territoriales sont les meilleurs remparts contre la crise, elles accompagnent chaque jour ses effets auprès de concitoyens de plus en plus fragilisés, dans une société qui se fragmente. Elles sont porteuses directement et indirectement de milliers d’emplois dans nos territoires. Elles investissent pour équiper le pays et dynamisent ainsi l’économie.

À vous entendre, il ne faut pas les encourager à poursuivre. Ainsi, on va créer des métropoles, regrouper des régions, supprimer les départements, fers de lance de la solidarité… Et comme si cela ne suffisait pas, les baisses en tous genres qu’elles ont connues ces dernières années vont encore se poursuivre, avec la suppression de 11 milliards d’euros de dotations.

Qui peut croire que nous allons améliorer notre système de santé en prélevant 10 milliards d’euros ? Il en est ainsi pour l’ensemble des propositions du pacte de responsabilité : 18 milliards d’économies pour l’État, après cinq ans de révision générale des politiques publiques et un discours libéral maintes fois entendu.

Ce qu’il faut – nous l’avons déclaré à l’occasion du Traité sur la stabilité, la coordination et la gouvernance, nous l’avons dit lors de l’examen du CICE, nous l’avons répété lors de la discussion des projets de loi sur les retraites ou la sécurisation de l’emploi –, c’est réorienter l’économie, réorienter l’Europe, réorienter la Banque centrale européenne. Ce qu’il faut, c’est tout simplement mettre en oeuvre une politique de gauche, se donner les moyens du changement annoncé que nos concitoyens attendent, ou malheureusement, n’attendent plus.

La trajectoire que vous donnez aux finances publiques pour les années à venir, le contenu du pacte de responsabilité et de solidarité, enterrent définitivement le discours du Bourget, lequel n’a franchi ni le mur du son, ni ceux de notre assemblée.

Monsieur le Premier ministre, chers collègues, vous comprendrez bien que ce ne sont pas les quelques non-reculs de ce programme qui nous feront changer d’avis. Les députés du Front de Gauche voteront donc résolument contre ce programme de stabilité.

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