Monsieur le ministre, permettez-moi d’appeler votre attention sur la situation difficile de la conchyliculture française, et tout particulièrement des ostréiculteurs et mytiliculteurs de la Charente-Maritime.
Ceux-ci sont en effet confrontés depuis 2008 à une surmortalité des huîtres. Après les naissains et les juvéniles, ce sont, depuis deux ans, les huîtres adultes commercialisables qui sont touchées.
Nous déplorons également depuis peu une mortalité accrue des moules dans les départements de la Vendée et de la Charente-Maritime – Pertuis Breton et Baie de l’Aiguillon. Cette mortalité touche les moules marchandes et les juvéniles, avec des pertes estimées entre 90 % et 100 % sur les filières. II semble que le phénomène se stabilise sur les bouchots. Les quelque 120 professionnels ont d’ores et déjà subi une perte de 15 millions d’euros, qui touche directement 300 familles et entraîne des conséquences dramatiques pour l’ensemble de la production nationale de moules.
La conchyliculture doit donc faire face à de nombreux défis structurels, conjoncturels, sanitaires et environnementaux. Elle doit absolument être accompagnée pour sortir de cette crise.
C’est pourquoi les ostréiculteurs et les mytiliculteurs attendent des réponses concrètes concernant l’exonération des cotisations patronales et salariales, les prêts à taux bonifiés ainsi que les avances du fonds d’allégement des charges, dont l’enveloppe est insuffisante.
De surcroît, les ostréiculteurs victimes du fort taux de mortalité des huîtres marchandes en 2013 demandent que soit mise en oeuvre une aide spécifique et que soit mobilisé le Fonds européen pour les affaires maritimes et la pêche – le FEAMP.
À cet égard, les conchyliculteurs souhaitent ardemment que leurs organisations professionnelles soient retenues pour la répartition des crédits de ce Fonds, au plus près des réalités du terrain.
Une telle situation aura de graves répercussions sur la quantité d’huîtres commercialisables lors des fêtes de fin d’année 2014 et 2015, ainsi que sur celle des moules pour la saison 2014, alors que les cours du marché semblent stagner.
Afin de répondre plus spécifiquement à l’urgence de la situation du bassin ostréicole de Marennes-Oléron, plusieurs options s’offrent pour réensemencer les gisements. La première serait de pêcher des huîtres naturelles dans l’estuaire de la Gironde pour reconstituer les gisements naturels du bassin de Marennes-Oléron, dans l’attente des résultats des programmes de sélection naturelle en cours. La deuxième serait de faire venir du Brésil ou d’autres pays, en liaison avec l’institut français de recherche pour l’exploitation de la mer – IFREMER –, la souche-mère des huîtres naturelles « Crassostréa gigas », afin de tester la résistance de cette souche.
Aussi, Monsieur le ministre, vous serais-je très reconnaissant de m’indiquer les mesures urgentes que le Gouvernement entend prendre pour accompagner les ostréiculteurs et les mytiliculteurs si durement affectés, en sachant que la seule profession conchylicole en Charente-Maritime emploie plus de 6 000 permanents, ce qui représente près de 40 % des emplois de ce secteur au plan national, et mobilise quelque 20 000 emplois indirects.