Intervention de Joël Giraud

Séance en hémicycle du 6 mai 2014 à 9h30
Questions orales sans débat — Rôle de l'irrigation gravitaire en zone de montagne

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJoël Giraud :

Ma question s’adresse à Mme la ministre de l’écologie, du développement durable et de l’énergie. L’agriculture est un enjeu majeur pour la vitalité de nos territoires. La loi d’avenir montre bien la volonté du Gouvernement de soutenir une agriculture de qualité. Cependant, les agriculteurs sont soumis à de nouvelles pressions qui les inquiètent. L’agriculture irriguée est affectée par la variabilité saisonnière et interannuelle des volumes d’eau disponibles, mais aussi par la priorité donnée aux volumes environnementaux. L’irrigation est au coeur de l’économie d’un département comme les Hautes-Alpes où très nombreux sont les vergers et les cultures qui se trouvent en bordure de la Durance ou du Buëch, par exemple.

Il est un autre sujet lié à la question du partage de l’eau : l’irrigation gravitaire. Les canaux d’irrigation jouent un rôle essentiel contre l’érosion, mais en faveur de la préservation de la biodiversité. La redevance votée en 2006 s’applique à toute forme de prélèvement, si bien que les canaux sont peu à peu abandonnés par les associations qui les géraient bénévolement. Je n’ai eu de cesse de m’exprimer sur ce sujet qui peut paraître anecdotique, mais qui est symptomatique du manque de reconnaissance chronique des pouvoirs publics envers les territoires de montagne, la spécificité de leur agriculture, leur patrimoine et leur rôle de châteaux d’eau de la Nation.

Concernant le relèvement des débits réservés prévus par la loi sur l’eau de 2006, je partage les inquiétudes des agriculteurs dont la ressource en eau va mathématiquement diminuer. Dans les zones en déficit structurel comme le Buëch, les conséquences pourraient être dramatiques : 1 200 emplois sont en jeu. Les possibilités de construction de réserves collinaires et de ressources de substitution paraissent maigres, coûteuses et aléatoires. Il a été dit aux arboriculteurs que des arrêtés préfectoraux pourraient être pris en fonction de leurs besoins, mais le temps qu’un arrêté soit pris, les pompes seront déjà désamorcées.

Chacun comprend la nécessité de mieux prélever et distribuer l’eau. Tous sont conscients des efforts à faire, mais aussi des efforts déjà consentis, qui semblent peu pris en compte : le développement de l’aspersion a permis de réaliser une économie d’eau de l’ordre de 80 % au cours de ces quarante dernières années.

Ma question sera donc triple. En ce qui concerne l’avenir très incertain des canaux d’irrigation, M. le ministre de l’agriculture avait, en réponse à l’une de mes questions, émis l’idée d’une remise en cause de la redevance au motif que l’irrigation gravitaire joue un rôle essentiel dans le maintien de la biodiversité en montagne. Qu’en est-il de cette brèche ouverte par le Gouvernement en juin dernier ?

En ce qui concerne les débits réservés et le cas inquiétant de la vallée du Buëch, ne pourrait-on pas classer cette rivière en cours d’eau à production hydroélectrique comme c’est le cas de la Durance, ce qui permettrait de réduire le débit réservé de moitié en période sèche ?

Enfin, la future loi biodiversité ne pourrait-elle pas préciser le rôle joué par l’irrigation en zone de montagne sèche dans le maintien de la biodiversité afin de mieux reconnaître la spécificité des usages agricoles de montagne ?

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