Le GSIEN est né d'une prise de conscience de physiciens, d'un côté des chercheurs qui faisaient de la recherche fondamentale en physique des particules, de l'autre des ingénieurs industriels qui travaillaient dans le domaine de la physique nucléaire. La construction des réacteurs allait en effet très vite après que la décision de création avait été prise, alors même que, comme il ressortait des dossiers que nous avions pu analyser, beaucoup d'éléments de connaissance faisaient encore défaut, notamment en matière de métallurgie et de radioprotection. Les conditions de l'approvisionnement en uranium, avec une possibilité limitée d'en extraire en France qui supposait de s'approvisionner à l'étranger, paraissaient aussi n'avoir pas été assez étudiées. Quant aux riverains des installations, ils n'avaient pas été du tout consultés. Des représentants de ces riverains avaient d'ailleurs pris contact avec nous, dans nos laboratoires, pour savoir ce qu'était exactement un réacteur nucléaire et quels problèmes cela pouvait poser. Nous-mêmes, chercheurs au CNRS en physique fondamentale, ne savions pas très bien encore de quoi il s'agissait.
En 1974, nous avons donc lancé un appel pour l'arrêt du programme nucléaire tant que les populations n'auraient pas été consultées. Cet appel n'ayant pas eu de succès, nous avons créé le GSIEN l'année suivante, puis un an plus tard, La Gazette nucléaire, journal destiné à communiquer au public, accompagnés de notre avis, les dossiers tels qu'élaborés par l'exploitant et, à l'époque, l'Institut de protection et de sûreté nucléaires (IPSN), ancêtre de l'Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN). Nous espérions ainsi faire prendre conscience aux populations des problèmes que nous jugions importants. Cette gazette existe toujours…