Intervention de Dominique Potier

Séance en hémicycle du 5 novembre 2012 à 21h30
Projet de loi de finances pour 2013 — Mission agriculture alimentation forêt et affaires rurales

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaDominique Potier :

Leur nombre est la clef de systèmes vertueux pour l'économie comme pour la nature.

Dès lors, chers collègues, voulons-nous rester un pays transformateur de nos produits végétaux ? Voulons-nous que la biodiversité, la qualité de l'eau soient d'abord le fruit de systèmes diversifiés, de polyculture élevage ? Voulons-nous diminuer notre dépendance aux protéines importées et améliorer notre bilan carbone ? Voulons-nous valoriser l'ensemble de nos terroirs, au lieu de produire sur un arc nord-ouest pour une économie portuaire qui « déménage » le territoire ? Voulons-nous, enfin, un espace rural vivant avec des services modernes et des chemins ouverts ?

Répondre oui à ces cinq questions, c'est faire de l'installation le coeur de la loi d'avenir et non le fruit d'une conjoncture aléatoire. Ce ne sont naturellement pas des multinationales hors contrôle, un droit du vivant privatisé et des terres spoliées qui fabriqueront le meilleur des mondes mais le respect partout, ici et ailleurs, des travailleurs de la terre.

Ayons la sagesse de Fernand Braudel, natif de Lorraine, historien des longs temps, qui nous rappelle que les sociétés solides ont un pied dans l'économie monde et l'autre dans un système local dense. Élargissons notre regard avec le grand Edgar Pisani qui prophétise que la planète, pour se nourrir, aura besoin de toutes les agricultures du monde. Et osons le parallèle avec l'industrie, le rapport de notre collègue Jean Grellier sur la sidérurgie nous signalant que le point de non-retour serait moins la perte des infrastructures que celle des savoir-faire.

Monsieur le ministre, malgré un budget contraint, vous avez maintenu les crédits pour l'installation et augmenté ceux de l'enseignement. C'était utile. Mais nous serons avec vous pour le rendez-vous de 2013, pour une PAC massivement rééquilibrée, pour ouvrir les portes, changer les cadres, donner sa chance à une nouvelle génération pour entreprendre, investir, exploiter des potentiels de l'espace rural.

Les pionniers de la révolution silencieuse, du Toulois et d'ailleurs, nous laissent un héritage : la force humaniste du contrat qui, pour un temps, associa la puissance publique à une profession éclairée et solidaire. Nous avons besoin d'une relève pour cultiver les champs du futur. (Applaudissements sur les bancs des groupes SRC, écologiste, GDR et RRDP.)

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