Le budget de l'agriculture est donc contraint ; je ne vais pas le cacher. Le Président de la République a fixé des priorités sur les grandes questions. Quant à moi, j'ai fixé celles du budget de l'agriculture, que je vais rappeler, tout en assumant ce sérieux budgétaire. Même si nous nous trouvons dans une situation difficile, nous ne devons pas renoncer à l'ambition qui doit être la nôtre pour notre agriculture, pour la France, pour la place des produits agricoles, agro-alimentaires et alimentaires français en Europe et dans le monde. Je suis sur cette ligne : il est hors de question de renoncer à quoi que ce soit.
Ma première priorité est donc la même que celle qui a été définie par le Président de la République : c'est la jeunesse et donc, tout d'abord, l'enseignement et la formation agricoles. Nous n'allons pas en discuter ce soir, mais je tiens à rappeler les raisons pour lesquelles ce secteur est important. Je rencontrais encore, cet après-midi, des représentants de l'enseignement privé – ne vous inquiétez pas, j'ai rencontré également, il y a quelque temps, l'ensemble de l'enseignement public – qui m'ont rappelé la situation dans laquelle ils se trouvent. Bien que les effectifs aient augmenté au cours des cinq dernières années, 250 postes d'enseignants ont été supprimés. La qualité de notre enseignement, notre capacité à former des jeunes qui soient, demain, des agriculteurs capables de combiner économie et écologie se sont dégradées. Or, il s'agit d'un investissement d'avenir. Cette priorité, il fallait donc l'assumer. C'est ce que j'ai fait, en créant 200 postes d'enseignant et 30 postes d'auxiliaire. Cette mesure est absolument nécessaire si nous voulons rester ambitieux pour notre agriculture et pour ceux des jeunes qui choisissent de devenir agriculteurs.
Dès lors, la priorité donnée à l'enseignement agricole a, bien entendu, pour corollaire la politique d'installation. Là encore, nous devons rester ambitieux. La France est l'un des pays européens dans lesquels le nombre des jeunes qui s'installent est le plus élevé. Il nous faut conserver cette spécificité car nous savons, compte tenu de la courbe démographique, que, si nous n'y prenons pas garde, le renouvellement des générations ne sera pas assuré. Nous devons donc mener une politique d'installation. C'est pourquoi j'ai maintenu, pour 2013, l'objectif de 6 000 installations, soit 1 000 de plus que celles qui ont été réalisées en 2012. C'est un objectif ambitieux ; nous en avons discuté avec les jeunes agriculteurs. L'ensemble du budget consacré à cette politique, FICIA – c'est-à-dire le Fonds d'incitation et de communication pour l'installation en agriculture – compris, s'élève à 300 millions d'euros. C'est bien la preuve que, à l'instar de l'enseignement agricole, l'installation des jeunes est une priorité.
Mais celle-ci nécessite également que nous élaborions une nouvelle politique de l'installation. Des assises de l'installation se tiendront donc au printemps et des discussions ont actuellement lieu avec les acteurs, en particulier les jeunes agriculteurs, pour tenter de redéfinir le cadre de l'installation. M. de Courson a abordé le sujet, en évoquant l'installation dans et hors du cadre familial, dans ou hors cadre réglementaire. Actuellement, beaucoup d'installations se font hors du cadre réglementaire.