Intervention de Michel Liebgott

Réunion du 31 octobre 2012 à 10h00
Commission des affaires économiques

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaMichel Liebgott :

Je tiens tout d'abord à féliciter la commission d'avoir retenu le thème de la sidérurgie, qui est particulièrement structurante en Europe et dans notre pays, mais aussi Jean Grellier pour son rapport d'étape. Ce rapport vient à un moment stratégique puisque le ministre du redressement productif, M. Arnaud Montebourg, vient de confier à M. Pascal Faure un rapport sur l'avenir de la sidérurgie sur le site de Florange mais aussi en France et en Europe. Dans ce rapport figure un chiffre important : nous importons autant que nous exportons mais surtout, plus grave, nous produisons aujourd'hui 15 millions de tonnes alors que nous avons besoin de 17 millions de tonnes et pour la première fois depuis 2008 – 2009, la Chine exporte aujourd'hui de l'acier. De plus, la France se trouve désormais distanciée par l'Allemagne et l'Italie. La sidérurgie française ne se porte donc pas bien et il est nécessaire de redresser la barre. Il faut notamment envoyer un signal à celui qui a un quasi-monopole sur la production d'acier en France, à savoir ArcelorMittal qui, certes, contrôle la moitié de la production d'acier en France mais ne peut pas faire ce qu'il veut. Au cours de ces dernières années, dès qu'il y avait une baisse de consommation d'acier, chaque site réalisait un effort d'adaptation de sa production. ArcelorMittal a une stratégie totalement différente qui consiste à fermer complètement des hauts fourneaux et à rentabiliser à 100 % ceux qui tournent au point de les user, comme cela a été le cas en Lorraine. C'est pour le groupe tout bénéfice puisque, dans le même temps, il engrange des quotas de CO2 qu'il revend et bénéficie du dispositif d'accompagnement du chômage partiel, etc. En définitive, le groupe gagne également sur les sites qui ne produisent pas. Le Gouvernement a débloqué la situation en exigeant l'élaboration d'un plan social après plus de 18 mois d'attente. Ce plan prévoit la suppression de 629 emplois tandis que, dans l'intervalle, les emplois des sous-traitants et des intérimaires ont disparu. La situation évolue aujourd'hui puisqu'ArcelorMittal a consenti, sous la menace d'une loi, de laisser un délai de deux mois pour recueillir les propositions de reprise. Nous sommes actuellement dans cette phase, dont la confidentialité doit être respectée afin de permettre aux négociations d'aboutir (100 sidérurgistes ont été contactés). On peut souhaiter aujourd'hui que ces négociations se poursuivent et qu'ArcelorMittal joue le jeu et qu'à terme, des propositions concrètes de sidérurgistes sérieux soient formulées afin de reprendre la filière liquide, voire même l'ensemble de l'usine. Cela ouvrira une brèche en laissant apparaître l'incohérence de la stratégie d'ArcelorMittal qui souhaite conserver la filière froide sans investir les 150 ou 200 millions d'euros nécessaires sur cette filière. La pression est donc mise sur ArcelorMittal et je crois qu'à terme, tout le monde sera gagnant en préservant également la filière chaude –ce que tout le monde souhaite- ou au moins à investir sur la filière froide. Enfin, je souhaite souligner, comme certains, que le projet Ulcos n'est pas complètement terminé et il ne faut rien lâcher et s'il le faut, le moment venu, le législateur pourra intervenir sur les conditions de cession de sites rentables, pas seulement dans la sidérurgie mais ce secteur est un excellent exemple de reconquête industrielle pour la France et pour l'Europe.

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