Intervention de Philippe Choderlos de Laclos

Réunion du 31 octobre 2012 à 10h00
Commission des affaires économiques

Philippe Choderlos de Laclos, directeur général du centre technique des industries mécaniques, CETIM :

Le CETIM est sous la double tutelle de l'État et de la fédération des industries mécaniques (FIM). La mécanique étant la matière de base pour toute l'industrie manufacturière, le CETIM en est un champion national indispensable qui regroupe plus de 800 personnes avec ses filiales et affiliés en France et à l'étranger. C'est aussi un institut labellisé Carnot dès l'origine par le ministère de la recherche, établi sur 120 millions d'euros annuels d'activité économique, moitié sous financement public par le biais d'une taxe affectée, et moitié par prestations privées (recherche sous contrat, expertise, assistance technique). Une croissance des ventes de plus de 50 % en 6 ans atteste de son dynamisme mais également de celui du besoin industriel à satisfaire, preuve que l'industrie se bat et innove dans notre pays.

Comme j'ai eu l'honneur de le dire au Premier ministre venu visiter, avec trois de ses ministres, nos installations au sein de l'IRT Jules Vernes à Nantes, le CETIM c'est le CEA des petites et moyennes entreprises (PME). Cela n'est possible que parce que le CETIM concentre toute son énergie sur le développement au sein de l'appellation recherche et développement (R&D), laissant la recherche elle-même au monde académique. Nous avons développé dix laboratoires communs avec les universités et les grandes écoles en France et aussi désormais à l'étranger et nous finançons une trentaine de thèses.

Le rôle de lien et de traducteur du CETIM entre le monde académique et les PME industrielles est plus important que jamais au moment où la pression économique immédiate les sépare. Dans un secteur mécanicien constitué à 90 % de PME, la mutualisation des équipements et des compétences à travers le versement d'une taxe affectée est une idée qui fait sens depuis 47 ans. Cette année, plus de 53 % de nos 6500 entreprises cotisantes font appel à nous pour des services payants ou gratuits. Aux côtés de la FIM, nous sommes présents dans tous les bassins d'emploi mécaniciens en région pour accompagner les PME par des actions collectives technologiques ou stratégiques cofinancées par les pouvoirs publics. Nous menons ainsi chaque année de l'ordre de 80 opérations différentes au profit d'un millier de PME pour un montant supérieur à 5 millions d'euros.

Nos priorités sont au nombre de quatre, tout d'abord l'innovation. Au-delà de la dizaine de brevets que nous déposons chaque année, c'est l'innovation que nous voulons accompagner et susciter auprès des PME pour créer de la richesse. L'exemple de l'entreprise Bourgeois l'a bien illustré. La normalisation constitue la seconde priorité du CETIM qui assure 60 % du coût national de l'effort de normalisation en mécanique et mobilise 200 experts. La démarche d'éco-conception menée par l'entreprise Bourgeois est née d'une thèse coréalisée par le CETIM et l'ENSAM qui est devenue une référence telle que c'est aujourd'hui une norme française déposée et que son extension au niveau européen est en cours.

Les travaux par métiers mécaniciens s'effectuent au sein de 30 commissions organisées par profession. À titre d'exemple c'est au CETIM que l'on définit le code de calcul des appareils à pression qui font la sécurité des installations dangereuses. Enfin la dernière priorité concerne la création de la valeur ajoutée industrielle de demain à l'image de ce que réalisent les Fraunhofer en Allemagne grâce à une R&D concentrée sur les thèmes d'avenir. On peut par exemple citer les matériaux composites qui sont économiques et performants pour la mécanique et l'automobile et la mécatronique, hybridation de mécanique, d'électronique et d'informatique. Ces sont les armes de la relocalisation industrielle que nous appelons de nos voeux.

Les CTI sont précieux en raison de leur parfaite adéquation à leur secteur industriel, adéquation qu'ils ont organisée et optimisée au fil du temps. Au moment où l'on veut favoriser le développement de la compétitivité hors-prix de nos industries, ce sont les outils pragmatiques et pratiques qu'il faut pour la collectivité nationale. Nous sommes aujourd'hui pris dans une logique d'ensemble de réduction des dépenses de l'État, que ce soit la chute des dotations annuelles pour les CTI budgétisées ou que ce soit par la mise en place d'un plafond écrêtant les ressources pour les centres sous taxe affectée. Nous espérons que les représentants de la Nation sauront reconnaître dans les CTI un investissement d'avenir justifiant un traitement différencié.

Notons aussi que dans une filière industrielle souffrant d'un déficit d'image nous accompagnons la profession dans des actions de communication en France.

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