Comment expliquez-vous qu'avant les accords d'Oslo, la ville de Bethléem était composée à 80 % de chrétiens et 20 % de musulmans et qu'aujourd'hui ce rapport se soit inversé ? Par ailleurs, pourquoi la Palestine n'a pas cherché la création d'un Etat avant 1967, alors que les conditions étaient réunies pour le faire ?
J'aimerais aussi rappeler le fait que l'Autorité palestinienne vient de passer un accord avec une organisation qui prône l'application de la « charia », l'usage de la violence et des actes terroristes. Comment pouvez-vous justifier une telle alliance ?
Comment par ailleurs l'Autorité palestinienne peut-elle raisonnablement se prononcer en faveur du retour de tous les réfugiés, dont on connaît l'effet potentiellement déstabilisateur qu'il aurait sur l'Etat d'Israël ?
Enfin, l'Autorité palestinienne doit reconnaître au peuple juif le droit souverain à un Etat-nation, et ne l'a jamais fait.
Jean Glavany. Je vais m'efforcer d'avoir un discours plus mesuré et républicain. L'accord de réconciliation inter-palestinien suscite, à juste titre, des espoirs et des réserves. Des espoirs, car il pourrait permettre au peuple palestinien de vivre dans des conditions dignes, de construire une solide démocratie. Des doutes, car ce type d'accord est intervenu dans le passé, sans grand succès. Quelles garanties avons-nous que cette fois ci l'accord sera concluant, d'autant que les deux organisations n'ont pas les mêmes positions sur nombre de sujets capitaux, tels que le non usage de la violence ou la reconnaissance d'Israël. Le Hamas va-t-il renoncer à ses positions ?
Thierry Mariani. A la veille des échéances électorales européennes, quel pourrait être le rôle de l'Union européenne dans le processus de paix ?
Serge Janquin. Après des années d'errance, les relations complexes entre le Fatah et le Hamas semblent prendre la voie de la réconciliation. Il me semble que le choix de cette entente relève de la souveraineté pleine et entière des Palestiniens. Il peut y avoir des partis aux tendances diverses en Palestine, mais à une condition, que ces partis rejoignent les positions actuelles défendues par Mahmoud Abbas, notamment pour ce qui est de la reconnaissance d'Israël. Je rappelle que le Fatah a longtemps été considéré comme une organisation terroriste avant de normaliser ses relations avec Israël, il faut donc aussi faire confiance au temps. La ligne politique du futur gouvernement doit être celle aujourd'hui tenue par Mahmoud Abbas. Si c'est le cas, les objections d'Israël ne tiennent pas.