Nous en sommes tous responsables, c'est pourquoi l'avis du Conseil fait de l'EEDD un projet collectif et porteur de changements, tant au niveau territorial que national.
Nous souhaitons que les lois à venir, celle sur la biodiversité comme celle sur la transition énergétique, comprennent un volet éducation qui se traduise dans les plans et les schémas des politiques publiques. Souvenons-nous qu'un grand nombre de politiques publiques ont échoué faute d'information et d'éducation. Or tous les acteurs que nous avons rencontrés nous ont fait part de l'absence totale d'état des lieux, au niveau territorial comme au niveau national, concernant les différentes initiatives menées dans le domaine de l'EEDD.
La section environnement du CESE a créé une plateforme sur internet. Ce site a recueilli plus de 250 initiatives, ce qui nous a permis d'appréhender la variété des actions proposées et des acteurs qui sont issus des entreprises, du monde associatif, de l'éducation nationale. Nous recommandons la réalisation, dans les meilleurs délais, d'une cartographie et d'une évaluation quantitative et qualitative des actions, qui pourrait s'appuyer sur les développements de la recherche en EEDD. Malheureusement, celle-ci est encore inexistante dans notre pays, ce qui n'est pas le cas dans différents pays étrangers, notamment dans les domaines de l'éco-sociologie et de l'éco-psychologie.
Notre section a également abordé la question des moyens financiers consacrés à l'EEDD face à la diminution des subventions publiques, nationales et territoriales. À titre d'exemple, le budget que lui consacre l'Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie (ADEME) a baissé de 70 % entre 2009 et 2013, et les subventions attribuées aux associations de protection de nature ou aux associations d'éducation populaire par le ministère de l'écologie et les services déconcentrés ont baissé de moitié en dix ans. Nous demandons que les actions menées dans le cadre de l'EEDD fassent l'objet de financements pluriannuels inscrits dans des conventions d'objectifs. Cette disposition pourrait être proposée dans le cadre du projet de loi relatif à l'économie sociale et solidaire actuellement examiné par l'Assemblée nationale.
Enfin, l'EEDD ne saurait avoir un réel impact sans une implication cohérente de tous les acteurs mobilisés dans l'action et la transition énergétique. Les discours sans les actes n'ont jamais porté leurs fruits. C'est pourquoi nous encourageons les démarches comme l'Agenda 21, outil destiné aux collectivités locales, et les initiatives prises par certains établissements d'enseignement scolaire et supérieur en matière de développement durable.
Nous attirons votre attention sur les risques d'abandon du dispositif « État exemplaire » issu du Grenelle de l'environnement, alors qu'il conviendrait de réviser à la hausse ses objectifs en alignant a minima les obligations du secteur public sur celles fixées aux entreprises privées. Les administrations, les collectivités locales, les acteurs privés et associatifs se devant d'être exemplaires, il leur faut se soumettre à un certain nombre d'obligations de gestion durable. Nous avons encouragé le CESE lui-même à s'investir dans cette démarche et nous espérons que les autres assemblées, Sénat et Assemblée nationale, suivront.
L'EEDD constitue un levier essentiel à l'indispensable transition écologique qui se met en place en ce début de 21e siècle. Mais cette notion, qui s'inscrit dans des secteurs aussi divers que l'éducation nationale, l'entreprise, les médias, les collectivités territoriales, l'administration, l'agriculture et les associations en tous genres, pâtit de sa complexité. Il faut lui assurer une cohérence, améliorer sa lisibilité et prévoir des actions transversales.
L'EEDD ne doit pas être perçue comme une contrainte mais comme une remarquable potentialité, souvent ludique, susceptible de faire du citoyen un éco-citoyen. Elle participe au mieux-être, au mieux-vivre et à la solidarité, elle contribue à réduire les inégalités d'appréciation et elle est source d'émotions multiples. Pourtant, combien de jeunes sortis de l'université – et combien de personnes dans cette salle – sont aujourd'hui capables d'identifier dix arbres, dix plantes ou dix oiseaux ? Combien savent lire le livre de la nature ? Ceux qui le peuvent disposent là d'une richesse particulière, à la portée de tous.
Alors que notre pays connaît une situation économique, sociale et environnementale difficile, l'EEDD, nous en avons la conviction, peut nous aider à retrouver un sens commun. Après avoir été longtemps liée à l'engagement d'un certain nombre de personnes, elle doit devenir une véritable politique nationale dotée de moyens à la hauteur de ses enjeux.