Intervention de Laurence Abeille

Réunion du 14 mai 2014 à 9h30
Commission des affaires culturelles et de l'éducation

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaLaurence Abeille :

Nous faisons ce matin salle comble. C'est un signe positif dont je remercie les intervenants.

Les députés du groupe Écologiste sont passionnés et très actifs dans le domaine de l'EEDD. D'ailleurs je remercie mes collègues du groupe Écologiste membres de la Commission des affaires culturelles d'avoir fait adopter dans le projet de loi pour la refondation de l'école un amendement visant à intégrer l'EEDD dans notre politique éducative.

Ma première question concerne la définition même du concept d'éducation à l'environnement et au développement durable. Pour certains, il se limite à quelques gestes éco-citoyens comme le tri des déchets. Or, celui-ci est utile mais il est à mon sens insuffisant, voire contre-productif s'il nous amène à penser que nous pouvons seulement ajuster notre mode de vie au lieu de modifier notre perception du monde.

Votre avis évoque l'éducation au changement. S'agit-il d'un changement de comportement ou d'un changement total de mode de vie ? Sachant que l'empreinte écologique des Français est largement supérieure aux capacités de la terre et que si le monde entier vivait comme nous il faudrait trois planètes, des ajustements à la marge de nos modes de vie sont tout à fait insuffisants. L'urgence de la situation, qui saute aux yeux de tous, doit nous amener à changer profondément notre perception du monde, notre comportement, nos modes de production et de consommation.

Quelle est la place et le rôle de l'EEDD face à la course à la surconsommation, au « toujours plus », ce que l'économiste Thorstein Veblen appelait la consommation ostentatoire ? Dans un contexte de mondialisation, nous assistons à un alignement des modes de vie des populations sur les modes de vie des Occidentaux, plus précisément des personnes les plus riches dans les pays riches. Face à cette attraction envers un mode de vie de plus en plus coûteux en ressources naturelles, qui pille les ressources de la planète et provoque un énorme gaspillage, l'EEDD peut-elle engendrer un mouvement suffisamment puissant pour changer le cours des choses ? Je reconnais manquer d'optimisme sur ce sujet, mais Gandhi ne disait-il pas déjà que « la terre peut répondre aux besoins de chacun, mais pas à l'avidité de tous » ?

Nous parlons de plus en plus d'adaptation aux changements climatiques et de la géo-ingénierie qui nous permettrait de sauver la planète et de préserver nos modes de vie. N'est-ce pas contradictoire avec l'éducation à l'environnement et au développement durable ?

Concernant l'exemplarité des acteurs publics, que pensez-vous d'imposer dans les administrations et les grandes entreprises une sorte d'Agenda 21 tourné vers la formation et la sensibilisation du personnel ? À l'Assemblée nationale, un plan de développement durable ne serait pas superflu…

En matière de développement durable, la formation tout au long de la vie est une nécessité.

Quant à la place des chasseurs dans l'EEDD, le code de l'environnement ainsi que diverses conventions signées entre l'éducation nationale et les fédérations de chasseurs leur confèrent un rôle en la matière. N'est-il pas contradictoire de confier aux chasseurs une mission d'éducation à l'environnement et de préservation de la biodiversité ?

Enfin, que pensez-vous de la création d'un délit d'incitation à la destruction d'espèces protégées – je pense au loup et à l'ours ? Appeler à tuer ces espèces, qu'elles soient ou non menacées, me semble aller à l'encontre de l'éducation au développement durable et à la préservation des espèces.

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