Intervention de Emmanuelle Bertrand

Réunion du 13 mai 2014 à 16h30
Commission des affaires européennes

Emmanuelle Bertrand, vice-présidente du Comité pour les relations nationales et internationales des associations de jeunesse et d'éducation populaire, CNAJEP :

Le CNAJEP, né en 1968, compte plus de soixante-quinze adhérents, associations nationales ou fédérations locales, toutes impliquées dans les questions de jeunesse et d'éducation populaire – ou « non formelle », selon sa dénomination en usage dans le reste de l'Europe.

Pour ce qui concerne la garantie pour la jeunesse, la recommandation de la Commission européenne est ambitieuse et positive, malgré des fonds insuffisants ; le fait qu'elle soit le fruit du dialogue structuré montre que la consultation des jeunes peut aboutir à des idées intéressantes. Toutefois, cette mesure n'est en elle-même pas créatrice d'emplois ; elle doit donc être assortie d'une politique qui le soit sur le long terme.

La Commission européenne recommande aux États d'utiliser les fonds structurels européens (FSE) en complément des fonds alloués dans le cadre du dispositif, et prévoit des investissements au niveau national. Or, en France, l'utilisation des FSE est peu visible et les mesures adoptées restent en deçà des recommandations européennes : le nombre de bénéficiaires de la garantie jeunesse y sera limité à 100 000 par an en période de croisière, alors que la mesure pourrait intéresser plusieurs millions de jeunes ; la cible confine donc à l'échantillonnage. Le plafond de la limite d'âge exclut aussi tous les jeunes qui ne trouvent pas d'emploi à l'issue de leurs études, ou qui prennent plus de temps pour achever leur cursus d'éducation formelle. Enfin, dans sa déclinaison française, la garantie pour la jeunesse accroîtra la précarité des jeunes, car il est recommandé aux entreprises partenaires de n'offrir, dans ce cadre, que des stages ou des contrats à durée déterminée ( CDD ), non des contrats à long terme.

Le CNAJEP préconise un système de formation tout au long de la vie, dans lequel les césures et les réorientations seraient regardées positivement, non comme des indices d'échec mais comme des composantes d'un parcours dont les jeunes ont besoin pour se construire. Nous recommandons que chaque personne dispose d'un crédit de vingt années de formation, utilisable à tout moment de sa vie.

Le CNAJEP est un acteur de l'éducation non formelle. Au sein de nos associations, on peut acquérir beaucoup de compétences organisationnelles, que ce soit à travers la gestion de projets, le travail en équipe, les rencontres interculturelles ou la communication, et ce dès l'âge de treize ans. Ces compétences, que les employeurs aujourd'hui recherchent, sont au demeurant tout aussi utiles dans la vie personnelle que professionnelle ; pourtant, elles sont encore peu reconnues. Des outils existent au niveau européen : les associations informées y ont recours, mais les jeunes, eux, les ignorent et les employeurs les reconnaissent moins encore.

Le fait qu'Erasmus + associe éducation formelle et non formelle est une bonne chose, même si l'on peut regretter la trop grande technicité des dossiers, qui bloque certains projets et rend le recours aux associations spécialisées indispensable.

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