Intervention de Laure Delair

Réunion du 13 mai 2014 à 16h30
Commission des affaires européennes

Laure Delair, vice-présidente de l'Union nationale des étudiants de France, UNEF :

Il faut rappeler le contexte dans lequel s'inscrivent les politiques dont nous parlons. L'Europe connaît une crise profonde, et les jeunes, depuis plusieurs années, expriment leurs aspirations en matière de régulation et de droits : je pense aux Espagnols, mais aussi aux Anglais ou aux Italiens, qui se sont mobilisés sur le droit à l'éducation et les frais d'inscription.

Le nombre encore faible des recours au programme Erasmus +, qui par ailleurs comporte des avancées positives, soulève la question de sa démocratisation. On peut notamment se demander comment lever l'obstacle des conditions sociales pour certains jeunes. Malgré l'augmentation du périmètre et des financements, il faut agir sur deux volets. Le premier est celui des aides allouées aux jeunes, tant le développement des prêts étudiants nous semble peu opportun dans un climat d'incertitude sur l'avenir ; le second, parfois sous-estimé, a trait à la barrière culturelle : il n'est pas toujours facile, quand on n'a jamais passé les frontières de son pays, d'aller étudier plusieurs mois à l'étranger. Une réflexion doit être menée sur l'accompagnement – qu'il concerne la définition des projets, la composition des dossiers ou la construction du parcours –, voire sur le niveau d'enseignement des langues étrangères dans les universités. Un certain nombre de ces dernières, par exemple, ne proposent aucun cours d'anglais en première année.

Sur les stages, l'attente est forte en matière de réglementation, d'harmonisation des droits, de rémunération et d'intégration au cursus.

Le principe de la garantie jeunesse est intéressant mais celle-ci, outre qu'elle souffre d'un manque de moyens, n'est pas calibrée de la même façon dans les différents pays. Une plus grande cohérence au niveau européen serait souhaitable, par exemple sur l'idée, peut-être spécifique à la France, selon laquelle cette mesure devrait permettre aux moins de vingt-cinq ans d'accéder aux minima sociaux, sachant qu'ils n'ont pas droit au revenu minimum d'insertion (RSA).

Enfin, la garantie jeunesse ne saurait tenir lieu de politique d'emploi. Les jeunes diplômés ne rencontrent pas forcément les mêmes difficultés que les jeunes sans qualification, et sont moins exposés au chômage de longue durée. L'accès à des emplois stables et la construction d'une vie adulte autonome ne sont pas donnés à tout le monde : l'Europe doit aussi s'atteler à résorber ces inégalités.

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