On l'a compris, c'est la mobilité des jeunes qui contribuera à construire l'idée européenne. Ma conviction est toutefois que les politiques macroéconomiques menées aujourd'hui ne sont pas du tout favorables à la jeunesse, dans la mesure où elles n'incitent pas à la création d'emplois comme le feraient des plans de relance. Pour le dire d'un mot, elles sont plutôt favorables à la rente. Heureusement, dès lors, qu'il existe quelques dispositifs destinés aux jeunes.
Je comprends bien les réserves exprimées sur la Garantie jeunesse et son budget insuffisant – 6 milliards d'euros sur deux ans, dont 600 millions pour la France. Pour le moment, il est difficile de savoir comment le dispositif va s'appliquer, mais nous supposons tous qu'il le sera en lien avec la Garantie jeunes. Les deux plans d'action tendent en effet à se rejoindre, et pas seulement à cause de leur presque homonymie. La Garantie jeunes est un dispositif expérimental, doté de 30 millions d'euros par an – pas encore dépensés – et qui doit permettre l'accompagnement de 10 000 à 20 000 personnes. Avec un budget de 300 millions par an, on pourrait passer à une tout autre échelle.
Il convient par ailleurs de rapprocher le montant de l'aide octroyée dans le cadre de la Garantie jeunesse de l'enveloppe budgétaire dont bénéficient les missions locales : moins de 200 millions pour accompagner 1,4 million de jeunes.
J'ai suivi avec d'autant plus d'attention les propos de M. Marietti que je suis président d'un CFA. Bien qu'il ne fasse pas partie du réseau consulaire, et malgré des problèmes de financement, celui-ci mène une action soutenue en faveur de la mobilité européenne. Une telle démarche est certes coûteuse, mais elle est très efficace et doit être encouragée. Un jeune qui part six mois à l'étranger après son cursus peut être considéré comme tiré d'affaire, tant cette expérience lui donne autonomie et ouverture sur le monde.
Quitte à se montrer utopique, on devrait même réclamer que toute formation comprenne, avant l'âge de dix-huit ans, une expérience d'un trimestre dans un pays européen. On pourrait alors vraiment parler de mobilité. En l'état actuel des choses, ce sont les hasards de la vie qui permettent à quelqu'un de partir plusieurs mois, parfois à plusieurs reprises, tandis qu'un autre n'aura jamais l'occasion de quitter le pays.
Je suis par ailleurs surpris de ne pas vous avoir entendu évoquer les dispositifs tels que le service civique ou le service volontaire européen.
Enfin, quel est votre point de vue sur les politiques de l'emploi ? Certains pays préconisent d'appliquer aux jeunes une rémunération inférieure au SMIC – quand il existe – pour faciliter leur embauche, d'autres proposent de supprimer toute charge sociale sur ces salaires. Qu'en pensez-vous ?