Intervention de Bérénice Jond

Réunion du 13 mai 2014 à 16h30
Commission des affaires européennes

Bérénice Jond, représentante du Forum français de la jeunesse et présidente d'Animafac :

Je laisserai à Élise Drouet, qui était sur place, le soin de répondre sur le European Youth Event ( EYE 2014 ), la rencontre des jeunes Européens à Strasbourg.

S'agissant du service civique, compte tenu des difficultés rencontrées pour financer le dispositif, l'objectif de recruter 100 000 volontaires se heurte à la volonté de préserver la qualité des missions et celle de l'accompagnement proposé aux jeunes. Cela se traduit par une importante réduction de la durée moyenne des missions.

Je m'interroge sur la façon d'articuler le service civique et le service volontaire européen, deux dispositifs aujourd'hui complètement séparés, mais fondés sur une logique commune, la découverte de l'engagement et le développement de nouvelles compétences.

Cela me conduit à préciser la notion d'éducation non formelle, qui n'est pas la même chose que l'éducation informelle. Cette dernière est par exemple le produit de discussions menées avec des proches, ce que l'on apprend sans vouloir apprendre. L'éducation formelle est celle qui relève du système classique d'enseignement. Quant à l'éducation non formelle, elle se situe dans un cadre, vise des objectifs, mais ses règles ne sont pas celles de l'éducation formelle : elle recherche l'implication des apprenants et favorise l'échange, dans une logique moins descendante. L'éducation populaire, dont on parle beaucoup en France, c'est de l'éducation non formelle.

En ce qui concerne les missions locales, il est vrai qu'elles pourraient jouer un rôle intéressant en termes de simplification des procédures. Une telle évolution irait en outre dans le sens de l'inclusion d'un plus grand nombre de jeunes, puisque les personnes auxquelles s'adressent les missions locales ne sont pas nécessairement les mêmes que celles que touchent nos associations. Pour autant, au vu des difficultés qu'elles rencontrent dans l'accomplissement de leur tâche, je doute que l'on puisse leur confier de nouvelles missions sans compromettre la qualité de l'accompagnement des jeunes vers l'emploi.

Le lobbying est en effet considéré par certains de nos interlocuteurs comme un gros mot. Il ne s'agit pourtant que de faire entendre un certain nombre d'intérêts, de porter certaines voix. L'expression « plaidoyer » est mieux acceptée, mais pour moi, elle désigne globalement la même chose.

Pour parler de ce que les jeunes attendent de l'Europe, je devrai sortir de mon rôle de représentante du FFJ, car je ne sais pas si ma vision des choses est représentative de celle de nos membres. Il me semble nécessaire de faire de l'Union européenne une vraie force d'impulsion de politiques ambitieuses, comme elle a pu l'être avec la Garantie jeunesse. Elle doit s'emparer d'enjeux d'avenir tels que les problématiques environnementales. En 2015, Paris sera l'hôte de la conférence des parties ( COP ) : comment pourrait-on en faire une étape importante dans la lutte contre le changement climatique ? Les jeunes Français se mobilisent déjà pour créer un mouvement d'ampleur et porter une parole sur ce sujet.

De même, sur la question de l'Europe sociale, comment pourrait-on parvenir, en Europe, à une égalité des conditions, et l'atteindre par le haut ? Typiquement, l'objectif devrait être l'existence d'aides sociales transposables d'un pays à l'autre, l'harmonisation des différents modèles, sans pour autant rechercher l'uniformisation.

Enfin, l'enjeu démocratique est également très important. À l'heure où l'on ne parvient pas à envisager sans une certaine appréhension les résultats des élections européennes à venir, je regrette que la seule réponse des institutions, et en particulier de la Commission, aux critiques sur le fonctionnement démocratique de l'Union soit : « Il faut communiquer. » Le montant du budget que la Commission européenne consacre à sa communication est hallucinant, d'autant que ses campagnes ont tendance à tomber à côté, en ne touchant que les « euroconvaincus ».

Il faudrait renverser la logique : plutôt que de chercher à informer les gens pour les inciter à participer, mieux vaut créer les conditions de leur implication afin qu'ils s'intéressent à la question posée. C'est d'ailleurs ce que j'ai personnellement vécu : je ne me suis pas intéressée aux institutions européennes après en avoir entendu parler chaque année pendant six ans en classe d'histoire-géo, mais parce que mon activité dans le monde associatif m'a conduite à rencontrer de jeunes Européens et à échanger avec eux. Un tel apprentissage est sans doute beaucoup plus long, mais aussi beaucoup plus intéressant, parce que l'on se l'approprie vraiment. Sur ce point, il faut rechercher un changement de paradigme.

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Inscription
ou
Connexion