Intervention de Elise Drouet

Réunion du 13 mai 2014 à 16h30
Commission des affaires européennes

Elise Drouet :

J'étais rapporteure à la Rencontre des jeunes Européens 2014, qui était organisée, outre le Parlement européen, par le Forum européen de la jeunesse. Les réactions des participants sont très positives : les jeunes que j'ai interrogés – dont beaucoup étaient plutôt eurosceptiques – ont apprécié l'initiative parce qu'on les a écoutés, et parce que le contenu de l'événement était intéressant et compréhensible par tous. De plus, il y avait un bon équilibre entre le travail et l'amusement.

La rencontre montre que 70 % des jeunes Européens interrogés pensent que l'Europe est une force, mais que seulement 44 % croient au vote du 25 mai. En effet, les programmes des partis politiques, européens ou nationaux, ne correspondent pas du tout à leurs préoccupations, ou du moins à leur vocabulaire. Et 79 % des jeunes Européens n'ont pas confiance dans les partis politiques, une proportion énorme. Pourtant, des partis figurent parmi nos adhérents, et nous savons que leurs projets peuvent répondre aux attentes des jeunes, mais ils ne savent pas bien les expliquer.

Par ailleurs, un plus grand nombre de jeunes devraient participer aux élections européennes. Lors des dernières élections, seulement 19 % des candidats avaient moins de 35 ans, alors que cette catégorie d'âge représente 26 % de la population européenne. Il faudrait en améliorer la représentation. De plus, nous souhaiterions que l'on vote pour des partis, et non pour des personnes ou des nationalités. On le voit bien en France : les préoccupations nationales prennent trop de place dans la campagne pour les élections européennes. À cet égard, le changement pourrait venir des transfrontaliers vivant à la lisière de la France, de l'Allemagne, de la Belgique et du Luxembourg, où les régions ont déjà l'habitude de travailler ensemble.

En période d'austérité, les jeunes expriment une demande d'espoir, de confiance. Pour cela, il faut investir et assurer la justice intergénérationnelle. Ainsi, la jeunesse ne doit pas faire les frais des « fautes », entre guillemets, commises par les générations précédentes. Il faut plus de solidarité entre générations, y compris sur le plan de la transmission des compétences, et c'est pourquoi la création des contrats de génération était très attendue. De nombreux interlocuteurs, au niveau européen – et jusqu'à l'Organisation internationale du travail –, jugent d'ailleurs ce dispositif extraordinaire, même si son lancement connaît des difficultés.

En ce qui concerne l'élargissement de l'Union, le Forum européen de la jeunesse ne peut qu'y être favorable, dans la mesure où il regroupe des associations issues des 47 pays membres du Conseil de l'Europe.

Une attente forte exprimée ce week-end est que les États membres de l'Union européenne assument leurs choix et ne rejettent pas toujours la faute sur les institutions communautaires. Nous, les lobbyistes, le disons tout le temps, mais cette fois, ce sont les jeunes eux-mêmes qui le soulignaient.

Nous faisons en effet du lobbying en faveur du droit des jeunes. Or faire du lobbying, en matière de droits humains, ne me pose aucun problème. Tout le monde a droit à l'autonomie.

À propos de l'Alliance européenne pour l'apprentissage, à laquelle appartient le Forum européen de la jeunesse, nous ne savons pas très bien quel est son but, bien que nous ayons compris qu'il s'agissait d'un système très allemand. En matière de stages, nous savons ce que nous voulons et nous connaissons nos soutiens. La France en fait d'ailleurs partie. C'est difficile à admettre, mais la situation des stagiaires français, si elle n'est pas toujours simple, est tout de même meilleure que dans les trois quarts des pays de l'Union.

J'en viens à la question des langues. C'est une particularité bien française d'avoir peur de parler anglais quand on ne maîtrise pas très bien la langue. Il faudrait vraiment parvenir à changer ce comportement, qui résulte sans doute du mode d'enseignement adopté par l'éducation nationale. Je ne travaille qu'avec des Européens : certains de mes interlocuteurs ne parlent pas très bien l'anglais, mais ils n'hésitent pas à s'exprimer. Les Français, eux, ont toujours peur de le faire, parce qu'ils voudraient que leur expression soit parfaite. Quand je suis arrivé au Kosovo, où j'ai effectué un service volontaire européen, je ne maîtrisais pas très bien l'anglais – sauf à l'écrit, parce que c'est quelque chose que l'on apprend bien à l'école –, mais je n'ai pas eu le choix : j'ai dû me mettre à le parler.

Je suis donc d'accord avec Morgan Marietti : il faut donner de l'envie aux jeunes. Quand c'est fun, quand c'est intéressant, quand on se sent écouté, on accomplit des choses extraordinaires. Ce week-end, nous avons vraiment senti se lever un vent européen ; cela fait plaisir.

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