J'en ai pleinement conscience. L'énergie représente aujourd'hui en moyenne 20 % des coûts dans l'industrie en Europe, tous secteurs confondus ; le coût du travail, 40 %. Les variations sont évidemment importantes en fonction du domaine considéré, les entreprises électro-intensives et l'industrie lourde se trouvant à un bout du spectre, et les sociétés de services à l'autre. Or diminuer le coût du travail peut créer des difficultés, voire des drames : le baisser de 1 % est déjà très douloureux. En revanche, la flexibilité peut être très importante en ce qui concerne l'énergie, dès lors que l'on dispose d'un atout compétitif significatif en la matière. Aux États-Unis, grâce à l'exploitation du gaz de schiste, le prix du gaz a été divisé par trois et on assiste à la relocalisation de pans industriels entiers. Un million d'emplois ont déjà été créés et bien davantage devraient l'être demain : après être parties en Asie, où les coûts du travail étaient moindres et où se trouvaient les marchés potentiels, les industries américaines considèrent plus rationnel de revenir aux États-Unis.
En France, nous disposons également d'un atout compétitif : la production d'électricité coûte en moyenne 40 % de moins que dans les autres pays européens. Il convient donc de réfléchir avant de renoncer au nucléaire. Sans rien concéder en termes de sûreté – je reconnais le rôle des autorités de sûreté et les respecte éminemment –, il est de ma responsabilité de rappeler certaines évidences : le coût de l'énergie est un élément discriminant à la fois en termes de pouvoir d'achat et d'attractivité, donc d'emploi. Les industries électro-intensives sont, bien sûr, concernées au premier chef. Mais nous sommes contraints par les règles européennes, et le coût de l'énergie doit être transparent. Notre engagement est clair : il nous faut produire de l'énergie à un coût suffisamment compétitif pour que ces industries restent sur le territoire français. La négociation avec Exeltium est près d'aboutir.
La question de la sous-traitance sera encore longtemps d'actualité. Nous souhaitons comme vous, monsieur le rapporteur, réduire le nombre de niveaux de sous-traitance, mais nous demandons dans le même temps à nos sous-traitants d'être compétitifs, pour les raisons que je viens d'évoquer. Il y a donc un arbitrage à faire, et nous recherchons en permanence le meilleur équilibre. Aucun donneur d'ordre en Europe n'est plus attentif qu'EDF aux conditions de travail, en particulier à la sûreté et à la sécurité. L'esclavagisme n'est pas la marque de notre maison ! Les parties prenantes de l'entreprise sont très vigilantes sur les conditions de travail, à commencer par les syndicats de salariés d'EDF. Nous sommes très exigeants et avons déjà beaucoup amélioré nos performances en la matière. Certes, ce n'est pas suffisant et nous devons encore progresser. Mais le problème est complexe, car nous n'avons qu'un pouvoir de décision indirect, lorsque nous sélectionnons les sous-traitants.