Intervention de Henri Proglio

Réunion du 6 mai 2014 à 11h00
Commission d'enquête relative aux coûts passés, présents et futurs de la filière nucléaire, à la durée d'exploitation des réacteurs et à divers aspects économiques et financiers de la production et de la commercialisation de l'électricité nucléaire

Henri Proglio, président-directeur général d'EDF :

Il me semble assez souhaitable que le président de l'ASN ne conteste pas ses propres décisions ou rapports !

Les années où nous réalisons beaucoup de travaux de grande maintenance, en particulier celles où les visites décennales sont nombreuses – nous entrons dans une telle phase –, beaucoup de personnes sont amenées à travailler sur les sites, et il n'est donc pas impossible que la dose collective augmente. Mais ce chiffre n'a aucun sens et on ne peut en tirer aucune conclusion. Comme je l'ai indiqué, la dose individuelle a fortement baissé. Et cela tient non pas à une multiplication des interventions pour effectuer une même tâche, mais à une amélioration globale de la sûreté nucléaire. Ces éléments figurent dans tous les rapports réalisés sur le sujet en 2013.

La décision de s'engager dans la voie du retraitement a été prise par les pouvoirs publics français. Nous constatons aujourd'hui la pertinence de cette orientation : elle est économiquement rationnelle et nous rend moins dépendants des importations d'uranium, le MOX jouant un rôle équivalant à celui de l'uranium naturel. Telle est, en tout cas, la vision de nos spécialistes. Bien sûr, le passage aux réacteurs de quatrième génération renforcera encore la pertinence du retraitement.

Toutes les charges futures liées au démantèlement des installations et à la gestion des déchets sont provisionnées dans les comptes d'EDF. Nous disposons d'un fonds de 20 milliards d'euros en numéraire destiné à faire face aux besoins de démantèlement du groupe à l'horizon de la fin de vie des centrales. Nous veillons tout particulièrement à ce que cet argent reste disponible et ne soit pas utilisé à d'autres fins. Du point de vue de la sécurité, il nous paraît plus efficace de conserver ce fonds en interne plutôt que de le confier à une autre structure. En outre, la gestion de ce fonds est parfaitement transparente. Elle est réalisée sous l'autorité de comités spécialisés et indépendants qui exercent un contrôle permanent. L'argent a été géré en bon père de famille : aucun risque particulier n'a été pris. Nous ne pouvons que nous féliciter des résultats : nous avons obtenu jusqu'ici une rémunération très supérieure au coût du capital et aux performances du reste du marché.

Des incertitudes demeurent en effet sur le coût définitif des installations de stockage. Nous prévoyons des charges pour l'année n + 40 et veillons à ce que les estimations des responsables des travaux ne divergent pas trop des estimations d'origine : il faut absolument éviter un tel surcoût, à conditions de sûreté inchangées – le cahier des charges étant très précis en la matière depuis l'origine.

La question des tarifs restera encore longtemps d'actualité. Ma vision est très claire sur ce point : la responsabilité d'EDF à l'égard du pays est de maintenir la compétitivité économique et de protéger le pouvoir d'achat. Dans le même temps, j'ai aussi une responsabilité vis-à-vis de mes actionnaires : je dois faire en sorte que les équilibres économiques soient observés dans la durée, que la société réalise ses investissements et qu'elle rémunère lesdits actionnaires. Tout cela dans un contexte général qui n'a pas de raison d'être bouleversé. Nous avons conclu l'année dernière avec le Gouvernement un accord qui prévoit une évolution tarifaire de 5 % sur les années 2013 et 2014. Ainsi, l'augmentation sera beaucoup plus lente que chez tous nos voisins européens, tout en étant suffisante pour que les tarifs convergent progressivement avec les coûts économiques, ce qui constitue un objectif naturel pour toute entreprise.

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