Devenu ministre de l'intérieur, vous avez, quant à vous, confirmé tous les choix fondamentaux de vos prédécesseurs place Beauvau. Vous ne proposez pour l'heure aucune abrogation, aucune modification des lois sur la sécurité intérieure auxquelles vos amis politiques se sont pourtant constamment et violemment opposés.
De même, nous avions entendu M. François Hollande, alors candidat à la présidence de la République, souhaiter que les contrôles d'identité fassent l'objet d'une nouvelle procédure. Très sensible aux pressions de certaines associations, le Premier ministre, M. Ayrault, vous a demandé de faire délivrer par les forces de l'ordre un récépissé après chaque contrôle d'identité. Vous avez, non sans bon sens, refusé d'appliquer cette instruction hasardeuse qui témoignait d'une véritable défiance à l'endroit des policiers et des gendarmes.
Vous avez ainsi choisi, monsieur le ministre, une allure pragmatique qui peut être portée de prime abord à votre crédit. Mais vous vous heurtez à une réalité qui, hélas, entrave votre action place Beauvau. Cette réalité, c'est l'incapacité du gouvernement de M. Hollande à faire face à la profonde crise d'autorité dont souffre notre pays. Partout en France, à Marseille comme à Grenoble, à Amiens comme à Saint-Denis, à Dole comme à Auxerre et jusque dans les campagnes, l'ordre public est menacé lorsque des individus refusent la légalité républicaine et ne respectent aucune institution.
L'action déterminée des policiers et des gendarmes est absolument nécessaire, mais elle ne saurait à elle seule conforter une autorité qui se trouve précisément affaiblie au sommet de l'État.