Certains parlementaires, dont je suis, se sont fortement mobilisés lors de la précédente législature pour mener de grandes actions en matière d'environnement. Nous avons réussi, grâce au Président de la République de l'époque mais aussi à l'Union européenne, à nous engager dans un processus difficile, celui du « trois fois vingt ». La loi issue du Grenelle de l'environnement a été votée à l'unanimité. Bien sûr, la mise en oeuvre du Grenelle a rencontré des difficultés – j'en ai moi-même fait état clairement dans un rapport sur ce sujet. Lors du changement de majorité, j'ai été très gentiment reçu par Mme Delphine Batho, alors ministre de l'environnement, et je lui avais dit que nous serions à ses côtés. J'étais alors convaincu que la gauche ferait au moins aussi bien que la droite sur ce sujet.
Je me suis rendu à toutes les conférences environnementales, et j'ai été frappé par les propos du Président de la République et par ses engagements extrêmement ambitieux. Mais quand on regarde aujourd'hui l'état de l'économie verte, on doit déchanter.
Le plan de rénovation énergétique des bâtiments est un véritable fiasco : 500 000 logements anciens devaient être rénovés, mais en réalité 100 000 logements à peine le sont chaque année. D'année en année, on retarde l'éco-prêt à taux zéro (éco-PTZ). Il paraît que le décret d'application est enfin en discussion ; mais nous attendrons encore jusqu'à la fin de l'année ! À la fin de votre mandat, les chiffres n'auront pas remonté. Vous parliez d'emploi, madame la ministre, mais 500 000 rénovations lourdes, c'est 400 000 emplois supplémentaires !
Le développement des transports durables est un échec retentissant ; l'abandon de la taxe poids lourds est une faute politique et morale vis-à-vis des générations futures. Nous aurons les plus grandes difficultés à instaurer la vérité des prix. Les déclarations récentes de Christian de Perthuis, économiste du climat, nous laissent perplexes. Dans les conditions actuelles, nous ne créerons plus aucune infrastructure dans le domaine du développement durable. Il n'est pour s'en convaincre que de constater que le budget de l'Agence de financement des infrastructures de transport de France (AFITF) est vide.
Nous n'avons jamais construit si peu d'infrastructures de production d'énergies renouvelables depuis le lancement du Grenelle de l'environnement. Lors de la législature précédente, nous avions constaté qu'il était difficile d'atteindre les 500 nouveaux mâts par an, et que n'avons-nous pas entendu à ce sujet ! On allait voir ce qu'on allait voir ! Nous en sommes aujourd'hui à 300 mâts terrestres, et dans tous les domaines liés aux énergies renouvelables, c'est à un recul que l'on assiste. Aujourd'hui, il est très clair que nous ne serons en 2020 qu'à 17 % à peine d'énergies renouvelables, loin de l'objectif des 23 %.
Madame la ministre, comment allez-vous nous faire croire et faire croire aux Français que vous voulez vraiment engager une relance des chantiers environnementaux ? Vous ne croyez pas à la fiscalité environnementale ; les moyens traditionnels de l'État ne sont pas là ; la décentralisation n'a rien clarifié. Le groupe UDI que je représente ici ne voit pas du tout comment vous allez répondre à ce formidable défi, et je ne sais pas bien ce que nous pourrons montrer lors de la conférence de Paris. Il serait intéressant que vous nous parliez de vos convictions : le bateau tanguait avant votre arrivée ; aujourd'hui, il coule. (Murmures sur divers bancs)