Monsieur le Premier ministre, vous l’avez dit à l’instant, et dimanche déjà : le résultat des élections européennes apparaît comme un séisme, tant par l’importance de l’abstention que par les choix exprimés et le résultat de ce scrutin.
Les explications sont nombreuses et nous devons les regarder en face, comme vous l’avez fait, en ayant en tête qu’il s’agit d’un vote sanction contre l’Europe, souvent vue comme trop austéritaire et pas assez solidaire. C’est aussi un vote d’exaspération de nos concitoyens, qui souffrent et qui demandent depuis très longtemps de meilleurs résultats en matière d’emploi, de protection et de pouvoir d’achat. Un vote de colère, enfin, face à la misère sociale et au sentiment des Français que l’action politique est trop souvent impuissante à changer le cours de leur vie.
Nos concitoyens veulent une Europe qui protège notre industrie, mais aussi qui encadre les flux financiers ; une Europe qui fasse le choix de l’emploi, de l’investissement et de la croissance ; une Europe qui conforte notre modèle social et qui permette à tous les salariés d’avoir de nouveaux droits ; une Europe qui protège son environnement et qui refuse de le sacrifier sur l’autel du libéralisme ; une Europe, enfin, qui mobilise tous ses outils pour le développement économique, et qui n’hésite pas pour cela à réinterroger sa politique monétaire.
La France, depuis deux ans, défend ces sujets avec force sur la scène européenne et ailleurs, et a obtenu des avancées qu’il faut souligner : sur la question des travailleurs détachés, sur la politique agricole commune, le programme d’aide alimentaire ou encore l’encadrement des activités financières.
Vous avez dit, monsieur le Premier ministre, vouloir amplifier le mouvement de baisse des impôts pour les ménages et de revalorisation de leurs revenus. Cela nous paraît essentiel et nécessaire. En cohérence avec les mesures que vous avez annoncées, et alors que s’ouvre cette semaine un nouveau cycle européen, votre gouvernement doit défendre plus fortement encore l’idée d’une nécessaire réorientation de la politique menée par la Commission et par l’Union européenne.
Pouvez-vous, monsieur le Premier ministre, préciser à l’Assemblée nationale quelles seront les priorités de votre gouvernement et du Président de la République dans les discussions qui s’ouvrent cette semaine à Bruxelles ?