Monsieur le député, nous avons démenti, avec Michel Sapin, cette rumeur consistant à laisser croire que nous avions le projet de vendre 15 % du capital d’EDF. Cela me donne l’occasion de préciser quelle est la doctrine de l’État actionnaire.
Vous êtes – la nation, les contribuables, les Français –, nous sommes propriétaires de soixante et onze participations, pour un montant de 110 milliards d’euros. Pendant longtemps, l’État a eu une conception patrimoniale de ces avoirs : il attendait des dividendes, qui faisaient les fins de mois de l’État, pour résoudre ses problèmes d’ajustement des recettes et des dépenses. Il n’avait pas de gestion active de ces participations.
Notre vision, sur la base d’une doctrine publiée à l’issue du conseil des ministres du 15 janvier dernier, est celle d’un État investisseur. S’il a des participations, il peut décider de s’en défaire de façon homéopathique : nous l’avons fait, pour un faible pourcentage, sur quelques sociétés dont le cours était favorable, mais où la présence de l’État au Conseil d’administration ne posait pas de problème, ce qui a permis de dégager des ressources destinées à investir.
Ce fut le cas, par exemple, quand nous avons constitué le capital de la Banque publique d’investissement, d’un montant de 3 milliards, à parité avec la Caisse des Dépôts. Ou bien quand nous avons fait le choix de nouer une alliance avec Dong Feng, tout en permettant à la partie française d’avoir 14 % des parts : 14 % pour la famille Peugeot, l’actionnaire historique, 14 % pour l’État et 14 % pour Dong Feng. Nous avons investi 800 millions, presque 1 milliard, dans PSA, de sorte que nous avons autant d’actions dans Renault que dans Peugeot-Citroën. Nous l’avons fait parce que nous avons décidé de vendre Safran et Aéroports de Paris à doses homéopathiques.
Si nous avons à intervenir – on ne sait jamais – dans une entreprise importante, nous ferons de même : pour nous, il ne s’agit pas de faire les fins de mois de l’État, de payer les prestations sociales, ni les traitements des fonctionnaires, aussi honorables les activités étatiques soient-elles, mais d’investir. J’ai dit à plusieurs reprises, répondant à des questions sur ces bancs, que nous avions des projets d’investissement. Nos participations permettront de le faire, dans le respect de notre présence et de notre influence dans les conseils d’administration, de manière à être toujours capables d’orienter la politique industrielle.