La Libye en est encore à la phase révolutionnaire. Ce processus durera des années avant que la situation ne se stabilise, d'une manière ou d'une autre. Nous soutenons à Tripoli un gouvernement qui fait de son mieux, mais qui demeure encore sous la surveillance de milices, les rapports de pouvoir demeurant souvent délicats à percevoir. Nous ne sommes peut-être pas au bout de certaines violences.
Du point de vue économique, la Libye commence à retrouver le niveau de ses exportations de pétrole d'avant la révolution. Elle constitue indéniablement un marché difficile mais prometteur à condition que nous maintenions d'autres investissements sur ce pays, malgré la frustration que peut générer l'ampleur de processus de stabilisation du pays.
D'autre part, ce pays constituant une voie de passage de l'Afrique centrale et subsaharienne vers l'Italie et la Grèce, il est une voie de migrations d'autant plus importante, d'autant que ses frontières ne sont pas aujourd'hui surveillées. Les autorités libyennes ont aujourd'hui à coeur de faire face à leurs responsabilités et réfléchissent à des programmes de surveillance, qui pourraient être mis en place avec l'assistance de la plupart des pays européens, dont la France.
La situation est insatisfaisante, c'est indéniable, pour nos yeux européens. Il est donc plus que jamais nécessaire de nous investir fortement auprès des autorités de Tripoli, au sens large, en nous gardant de vouloir imposer des solutions, compte tenu de la sensibilité nationale locale. La France a sur ce point un capital initial qu'il nous faut exploiter.
En Côte d'Ivoire, nous avons, à la demande des Nations unies, aidé à rétablir l'ordre et l'autorité du président élu. Il serait aujourd'hui prématuré de parler de stabilisation définitive, mais il nous appartient d'oeuvrer à la reconstruction de la République de Côte d'Ivoire (RCI), dans toute la mesure du possible. La fragilité de la situation et de la réconciliation nationale ne peut être niée, mais il appartient désormais aux Ivoiriens de faire leur choix. Nous verrons si la Côte d'Ivoire sera en mesure de participer à la force de la CEDEAO au Mali, je n'en suis pas sûr. L'urgence est aujourd'hui dans ce pays à la reprise de l'activité économique et à la réconciliation.