Intervention de Manuel Valls

Séance en hémicycle du 6 novembre 2012 à 21h30
Projet de loi de finances pour 2013 — Sécurité sécurité civile

Manuel Valls, ministre de l'intérieur :

Nous inverserons même la tendance. Certes, vous avez raison, monsieur le président de la commission des lois, et nous aurions aimé faire encore davantage, mais, conformément aux engagements du Président de la République, ce sont tout de même 480 emplois supplémentaires de policiers et de gendarmes qui seront créés en 2013. Et l'effort sera poursuivi au cours des années suivantes, dans des volumes comparables, comme les rapporteurs l'ont rappelé au cours du débat.

Je connais les besoins et les difficultés de chacune des deux forces, et je respecte pleinement leur complémentarité, qui est une force dans notre démocratie. Nous avons souvent eu l'occasion, monsieur le rapporteur Boisserie, de parler de l'identité propre de la gendarmerie, qui est demeurée intacte, même si elle est désormais sous la responsabilité du ministère de l'intérieur. Il est d'ailleurs hors de question de revenir sur cette réforme, et c'est cela aussi, la force de la démocratie et des alternances. Les nouveaux effectifs seront donc répartis de manière équilibrée, au prorata : 60 % pour la police et 40 % pour la gendarmerie.

Mesdames et messieurs les parlementaires, vous qui avez examiné les crédits d'autres missions budgétaires de l'État, vous êtes conscients qu'un effort considérable est consenti pour la sécurité des Français, mais aussi pour la justice, dans le contexte de crise majeure des finances publiques que nous devons résoudre. Trois ministères, seulement, verront leurs effectifs progresser en 2013 : ceux en charge de la sécurité, de la justice et de l'éducation.

Pour l'essentiel, les postes supplémentaires auront vocation à renforcer indirectement – je vais y venir – les zones de sécurité prioritaires. Quinze d'entre elles ont déjà été définies depuis le milieu de l'été. C'est heureux car, parmi celles-ci, on compte bien des localités que certains d'entre vous ont évoquées en ouverture de leurs interventions : Amiens-nord, déclaré zone de sécurité prioritaire au début du mois d'août, les quartiers nord de Marseille, mais aussi Grenoble et Échirolles, que le Président de la République a lui-même déclarés zones de sécurité prioritaires à la fin du mois d'août, ou encore Méru, qui a connu récemment des difficultés en zone de gendarmerie.

La définition de ces quinze zones de sécurité prioritaires a montré notre volonté de nous attaquer à une délinquance qui est désormais ancrée, enracinée dans les quartiers. Nous voulons lutter contre le trafic de drogue, le trafic d'armes, les violences sur les personnes, l'économie souterraine qui gangrène et qui change la nature même des cités, les cambriolages qui se multiplient, notamment dans les secteurs périurbains et ruraux, l'arrachage de colliers d'or, cette nouvelle forme de délinquance, les trafics alimentés par des réseaux étrangers, tchétchènes, géorgiens, roumains ou bulgares. Ce sont les réalités d'une délinquance, qu'évidemment, personne ne peut nier.

Je rendrai publique, dans les prochains jours, une nouvelle liste d'une cinquantaine de zones choisies en concertation avec mes collègues ministres, et notamment avec la garde des Sceaux, puisque l'idée est de faire travailler ensemble, et de manière très étroite, les procureurs et les préfets. Je travaillerai également avec le ministre délégué à la ville et agirai, d'une manière générale, dans le cadre interministériel, sous l'autorité du Premier ministre. Je me fonderai aussi sur les propositions des préfets, ainsi que sur les attentes et les demandes des élus.

Ces territoires ont été définis comme prioritaires, parce que la situation de la sécurité y est particulièrement difficile et qu'un certain nombre d'indicateurs nous amènent à penser qu'il faut nous y attaquer en priorité. Il est vrai, monsieur Martin, que cette demande existe partout ; mais si tel est le cas, c'est bien parce qu'il y a des problèmes de sécurité, des problèmes de délinquance, des problèmes de violence sur les personnes ou les dépositaires de l'autorité publique, et pas seulement depuis six mois !

Cela veut bien dire qu'on n'a pas résolu tous les problèmes et que cette délinquance est même parfois parvenue à s'enraciner davantage ! Croyez-vous que, dans les quartiers nord d'Amiens ou de Marseille et dans le XVIIIe arrondissement de Paris, les problèmes sont nés le 6 mai dernier ? Non !

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