Intervention de Manuel Valls

Séance en hémicycle du 6 novembre 2012 à 21h30
Projet de loi de finances pour 2013 — Sécurité sécurité civile

Manuel Valls, ministre de l'intérieur :

Nous pouvons tomber d'accord sur le cas d'Aurore Martin et la situation des Pyrénées-Atlantiques. Reconnaissons que nous avons, les uns et les autres, à faire un travail de conviction sur des élus, de droite, du centre et de gauche, qui cèdent à des pressions inacceptables. Cela me paraît quelque chose d'assez partagé, bien que je sois convaincu que tel n'est pas le cas dans la population.

Vous avez raison : nous ne devons pas céder et nous ne devons pas nous excuser. Aucune complaisance n'est possible à l'égard d'un discours de haine, de violence qui n'a pas lieu d'être dans une démocratie. La liberté d'opinion ne peut servir à justifier un soutien à des organisations dont le caractère terroriste est prouvé.

Les pouvoirs publics espagnols, sous l'autorité du juge Garzon, de l'Audience nationale, ont eu la très ferme volonté de combattre politiquement et de manière policière l'ETA, avec les résultats que nous connaissons, grâce à une coopération franco-espagnole de trente ans, que nous devons poursuivre jusqu'à ce que l'ETA dépose les armes et se dissolve complètement. Je rappelle qu'il y a encore quelques jours, deux etarras, dont une dirigeante, ont été appréhendés par la police française et que ces deux personnes étaient armées. Cela montre qu'il faut poursuivre le travail.

En ce qui concerne les zones de sécurité prioritaires, je comprends qu'il y ait débat, mais nous avons constaté que plus d'une centaine de territoires sont gangrenés par la délinquance. L'effort à porter pourra être différent : dans les quartiers nord de Marseille, à La Villeneuve de Grenoble et à Échirolles ou dans le dix-huitième arrondissement de Paris, nous ne trouvons pas les mêmes phénomènes de délinquance qu'à Vauvert ou à Saint-Gilles, où j'ai eu l'occasion d'installer une zone de sécurité prioritaire.

Le temps nécessaire pour agir ne sera pas non plus le même. Nous savons que, dans certains territoires, il faudra beaucoup de temps pour venir à bout des trafics de drogue, de l'économie souterraine, d'un ordre mafieux qui s'est progressivement imposé à l'ordre républicain. Dans d'autres secteurs, il existe des phénomènes de cambriolage, des réseaux de stupéfiants, qui, grâce à une mobilisation de la police ou de la gendarmerie, peuvent être traités plus rapidement.

D'une manière générale, c'est aussi une façon de reconsidérer les missions des policiers et des gendarmes. On a parlé de la politique du chiffre, je suis quant à moi pour une culture du résultat. L'un d'entre vous a évoqué les organisations syndicales ; la politique du chiffre à tout prix a pesé sur l'ensemble de la chaîne pénale, policiers, gendarmes, juges, les faisant passer parfois à côté de l'essentiel des objectifs que j'ai rappelés à la tribune.

Ces missions devront évidemment se poursuivre partout. Il faut combattre les phénomènes que vous avez évoqués, monsieur Larrivé, concernant votre territoire. C'est tout le travail de la gendarmerie ou de la police, sous l'autorité judiciaire, en renforçant l'investigation sur ces cambriolages et ces trafics. Comme l'a rappelé Mme Mazetier cet après-midi, pas un territoire, pas une ville, pas un village, pas un quartier où la République ne doive être présente : personne ne doit se sentir oublié.

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