Intervention de Michel Herbillon

Réunion du 7 novembre 2012 à 10h00
Commission des affaires culturelles et de l'éducation

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaMichel Herbillon :

Je remercie Mme Colette Langlade d'avoir rappelé que la précédente majorité, tant vilipendée par les collègues de son groupe, a institué l'enseignement artistique obligatoire. À M. Gérald Darmanin – dont j'ai apprécié le rapport –, je voudrais, étant membre du conseil d'administration du Centre national d'art et de culture Georges-Pompidou, confirmer que le Centre Pompidou mobile est une expérience particulièrement intéressante ; son arrivée constitue un événement artistique et culturel important, notamment pour les jeunes, les scolaires et les publics qui ne fréquentent pas habituellement les musées. Il conviendra d'en faire le bilan après une année d'expérience, mais il semble que ce musée mobile provoque une augmentation non seulement de la fréquentation des musées en province, mais aussi du Centre Pompidou à Paris – les visiteurs désirant prolonger ce premier contact avec les oeuvres à l'occasion d'une venue à Paris.

Le groupe UMP ne votera pas le projet de budget, qui présente un recul historique, inédit depuis le début de la Ve République. Lorsque le candidat Hollande avait promis que le budget de la culture serait sanctuarisé, préservé et protégé, nous n'avions pas compris que cela se traduirait par une baisse de plus de 4 % de ses crédits ! Mme Martine Aubry, alors première secrétaire du parti socialiste, avait même proposé d'augmenter le budget de la culture de 50 % sur 5 ans : on est loin du compte ! Quant à Mme Aurélie Filippetti, elle affirmait que le budget de la culture était le disque dur de la politique : force est de constater que celui-ci a été écrasé… La rumeur qui s'élève des rangs de la majorité prouve que j'ai touché juste ! Et si la mémoire était restée dans l'ordinateur, nul doute que Mme Filippetti aurait rappelé que nous, nous avons, même en temps de crise, non seulement préservé et maintenu, mais augmenté le budget de la culture !

Lundi, la ministre a d'ailleurs avoué qu'elle aurait besoin du soutien des parlementaires pour les prochains budgets : comment mieux faire comprendre que le budget en baisse de cette année n'est que le premier d'une longue série ?

La liste des projets abandonnés est impressionnante : abandonné, le projet de maison de l'histoire de France ; annulé, le projet de musée de la photographie à Paris ; enterré, le projet de centre de réserve et de restauration à Cergy-Pontoise ; abandonnée, la nouvelle salle de la Comédie française ; annulée, la contribution de l'État à Lascaux IV ; enterré, le projet de Centre national de la musique ; en sursis, le projet de tour Médicis à Clichy-Montfermeil ; ajournée, l'exposition Monumenta. Ajoutons à cela les réductions budgétaires au Palais de Tokyo, qui remettent en cause son programme et jusqu'à son ambition.

Même s'il est normal que le budget de la culture participe au redressement des finances publiques, tout ne peut pas être mis sur le compte de la crise – et il semble difficile d'utiliser la sempiternelle ritournelle de « l'héritage », puisqu'en l'espèce la précédente majorité avait accru le budget ! Tout ce qui reste, ce sont des projets qui avaient été lancés par le précédent gouvernement et que vous ne pouviez pas annuler : le musée des civilisations de l'Europe et de la Méditerranée à Marseille, le nouveau centre des archives nationales à Pierrefitte, la Philharmonie de Paris, la poursuite du plan musées en régions, la gratuité de l'accès aux musées pour les jeunes, la rénovation du musée Picasso, l'installation de la médiathèque de l'architecture et du patrimoine à Charenton. En vérité, la culture ne fait pas partie des priorités du Président de la République et du Gouvernement ; force est de constater que le ministère de la culture a été transféré à Bercy, au ministère du budget !

Les crédits du patrimoine diminuent de 10 %. Cette baisse va toucher presque tous les secteurs culturels : les crédits dédiés à la création et au spectacle vivant sont réduits ; la ministre annonce une grande loi sur le patrimoine, mais elle commence par baisser ses crédits de 10 % ; quant aux crédits d'acquisition des musées, ils seront réduits de 50 à 60 % en 2013. Voilà le bilan que l'on peut dresser du premier budget de la culture du nouveau quinquennat : cela n'augure rien de bon !

Le groupe UMP s'opposera donc à ce budget, qui marque un recul sans précédent de l'action de l'État en faveur de la culture. Le pessimisme gagne d'ailleurs tous les acteurs et tous les amoureux de la culture. On peine à distinguer un quelconque projet. L'annulation des projets et la réduction des crédits budgétaires ne font pas une politique culturelle !

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Inscription
ou
Connexion