Le budget de la culture est guidé par le terrible principe de réalité. Oui, il baisse de 2 % ; mais quand un pays est en crise, la solidarité n'est-elle pas le premier des devoirs, la seule manière de faire que, demain, se lèvent des jours meilleurs ? Il est vrai aussi que le ministère pourra difficilement supporter un tel effort une année supplémentaire. Nonobstant l'effort demandé, ce budget traduit un projet politique réel, une volonté d'ouverture et de démocratisation de l'accès à la culture et au patrimoine. Des priorités sont affirmées, et pour commencer celle de rendre indissociables culture et jeunesse. Priorité est aussi donnée à la formation et à la transmission des savoir-faire, à l'équilibre entre patrimoine et création – la création n'est-elle pas le patrimoine de demain ? -, à la préservation de l'exception culturelle, et aussi, quoique l'on ait pu dire, à la politique d'aménagement du territoire en matière culturelle, en concertation avec les collectivités territoriales. Priorité, enfin, aux publics les plus éloignés, géographiquement et sociologiquement, de la culture, afin que les exclus d'aujourd'hui en deviennent non seulement des consommateurs mais des protecteurs, des passeurs et des acteurs.
Oui, donc, à la culture pour tous et partout, oui à la volonté exprimée par la ministre, aux orientations qu'elle a définies, à une vision de la culture que l'on attendait.
Et parce que je n'aime pas savoir les hommes malheureux, je ne conclurai pas sans rassurer M. Michel Herbillon. Ce budget ne traduit pas un recul : la force de la ministre est d'avoir, avec moins, su faire non seulement plus mais mieux ; je l'en remercie.