Madame Dumas, ce que vous avez dit de la compensation de la gratuité d'accès aux musées n'est pas exact. Non seulement elle a toujours été faite mais, dans son rapport thématique de 2011, la Cour des comptes indiquait qu'étant donné l'incertitude sur la perte de recettes réelle, il y a eu une surcompensation de 11,3 millions d'euros en 2010. Le trop perçu n'a pas été récupéré, un accord étant trouvé dans certains cas pour que les sommes considérées soient utilisées par certains musées, dont le Louvre, pour réaliser des travaux sans abondement par l'État de sa subvention.
L'exemple que vous avez donné, madame Attard, du musée national de Copenhague incite à s'interroger sur l'impact de la gratuité sur la structure des publics, une fois passée la curiosité initiale. Pour moi, la question de fond est celle de la communication et, plus précisément, des publics ciblés par la communication relative à la gratuité : si l'on ne s'adresse qu'à ceux qui vont habituellement au musée, on ne suscite qu'un effet d'aubaine. Il faut viser les publics éloignés de la culture, et favoriser la médiation des professeurs. C'est pourquoi, vous l'aurez lu, je recommande à la ministre de la culture de fixer aux présidents des grands musées nationaux des objectifs de démocratisation des publics plus précis.
M. François de Mazières, M. Patrick Hetzel et M. Gwenhaël Huet se sont inquiétés à juste titre de la baisse des crédits de restauration. Elle est de 13 % pour les monuments historiques appartenant à l'État et de 11 % pour ceux qui ne lui appartiennent pas.
Vous m'avez interrogé, madame Genevard, sur la proposition d'un sénateur tendant à ce que l'État contrôle la capacité financière d'un acquéreur potentiel de monument classé à l'entretenir. Le sujet est compliqué. L'État détient 4 % des 14 000 monuments classés et des 27 000 monuments inscrits ; les communes en possèdent 44 %, les autres collectivités publiques 6 % et les propriétaires privés 46 %. Étant donné cette répartition, si, faute de ressources suffisantes, des communes se délestent de monuments classés ou inscrits et que des personnes privées les reprennent, il faudra leur faire confiance. Outre que les personnes privées, bien souvent, restaurent formidablement leurs propriétés, je ne suis pas certain que les crédits existent pour aider à la restauration de ces bâtiments.
Comme vous, monsieur Hetzel, je me suis étonné du décalage entre les affirmations contenues dans le dossier de presse du ministère du budget et des documents budgétaires qui, selon moi, traduisent bien davantage une répartition de la pénurie qu'une ventilation de crédits supplémentaires.
Je recommande, madame Martinel, que les créateurs aidés par l'État offrent quelques heures de médiation au bénéfice des publics éloignés des pratiques artistiques et culturelles. J'ai fait cette proposition au conseil régional du Nord-Pas-de-Calais, qui aide beaucoup les artistes locaux et dont la majorité est d'une autre sensibilité politique que la mienne ; elle a été acceptée et généralisée. Ainsi, chaque troupe subventionnée pour se rendre au festival d'Avignon a fait cinq représentations gratuites dans des lycées, des écoles ou des établissements d'hébergement pour personnes âgées dépendantes. Tel est le sens de ma proposition.