Intervention de Sophie Rohfritsch

Séance en hémicycle du 10 juin 2014 à 15h00
Questions au ministre de l'éducation nationale de l'enseignement supérieur et de la recherche

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaSophie Rohfritsch :

Monsieur le ministre, lors de sa visite à l’université de Strasbourg en janvier dernier, le Président de la République avait lancé l’idée de voir cette grande université associée à la création d’un campus européen. Depuis, cette idée séduisante a fait son chemin, et un collègue député de la majorité vous avait d’ailleurs interpellé, au moment de votre prise de fonction, afin de connaître vos intentions au sujet de cette future université européenne qui doit, dans un premier temps, associer l’université de Fribourg et de Strasbourg, et constituer un des projets les plus emblématiques de la région métropolitaine du Rhin supérieur.

Je rappelle que cette euro-région se structure à l’heure actuelle autour de thématiques – qu’on nomme « piliers » – dont l’une des plus prometteuses est celle de la coopération universitaire et scientifique. Ce « pilier » sciences a d’ores et déjà mobilisé plusieurs millions d’euros de financements. Votre réponse à mon collègue, en avril dernier, semblait réaffirmer votre intérêt pour cette création, et renvoyait à l’action de Geneviève Fioraso, passée de ministre à secrétaire d’État dans le nouveau gouvernement.

Depuis, car les choses avancent lentement, d’autres personnalités – Daniel Cohn-Bendit, par exemple – se sont emparées de cette idée, pour y voir la possibilité d’offrir à Strasbourg une compensation au déplacement du siège du Parlement européen qu’ils appellent de leurs voeux.

Cette idée, vous l’imaginez aisément, est totalement inacceptable aussi bien pour la communauté universitaire et scientifique alsacienne que, bien entendu, pour tous les Alsaciens. Ces derniers réclament qu’un débat soit ouvert avec l’ensemble des enseignants et des chercheurs – les services de l’État communiquant très peu sur le sujet – sur cette université européenne qui semble se construire doucement dans le huis clos inquiétant des bureaux de votre ministère.

Or créer une sorte de zone franche du type de celle qui semble être envisagée, fondée sur l’une des plus importantes communautés scientifiques européennes, avec près de 11 000 chercheurs et 100 000 étudiants, avec des universités de part et d’autre du Rhin dont l’excellence est reconnue dans le monde entier, est une véritable révolution. Peut-être fait-elle frémir à Paris, si bien qu’il semble que la discrétion soit de mise.

Pouvez-vous monsieur le ministre, me donner des précisions sur l’avancée de ce projet et surtout des garanties quant à votre volonté ferme de refuser qu’il constitue une monnaie d’échange contre l’abandon du siège du Parlement européen, que les traités ont fixé à Strasbourg ?

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