Intervention de Arnaud Montebourg

Séance en hémicycle du 10 juin 2014 à 15h00
Questions au ministre de l'économie du redressement productif et du numérique

Arnaud Montebourg, ministre de l’économie, du redressement productif et du numérique :

Vous posez, madame la députée Marie-Lou Marcel, des questions qui sonnent juste à mes oreilles. La filière automobile a connu des chutes de marché et des pertes de rentabilité très importantes, à tel point que l’un de nos constructeurs est en difficulté. Il s’agit de PSA, qui est le premier constructeur français. En Europe, Fiat, Opel et PSA sont les trois entreprises en difficulté. Elles sont en crise de compétitivité en raison de leur positionnement ou de leurs coûts de production par comparaison avec ce qu’ont fait certains constructeurs européens, qui ont maintenu des usines d’assemblage dans les territoires européens, mais ont demandé à la sous-traitance d’aller voir ailleurs, ce qui a provoqué des délocalisations en chaîne. Telle est la stratégie allemande, en particulier du groupe Volkswagen, qui a augmenté les emplois de construction dans le territoire allemand mais a fait migrer toute la sous-traitance vers le territoire à bas coût de l’Europe de l’Est.

Notre stratégie est une stratégie de sauvetage, de renforcement et même de relocalisation de l’activité d’assemblage et de construction de nos grands constructeurs français. Renault produisait il y a une dizaine d’années un million de véhicules. À notre arrivée, en 2012, le groupe en produisait 500 000. Il remonte maintenant à 720 000 voire 750 000 véhicules grâce à la relocalisation de Nissan. PSA produit un peu moins d’un million de véhicules, plutôt 900 000 qu’un million, et s’est engagé à remonter à un million de véhicules d’ici 2016. La deuxième entreprise que je viens de citer brûle encore du cash et perd de l’argent. Et lorsque nous demandons aux dirigeants de PSA de veiller à ce que la sous-traitance ne soit pas maltraitée, ils nous répondent : « Nous perdons de l’argent. Vous nous demandez de maintenir des sites en France, mais comment pouvons-nous faire ? »

Nous leur avons répondu : « Vous avez raison, mais il faudrait que nous trouvions des échelles de production beaucoup plus importantes. » Et c’est exactement ce que nous avons fait avec Renault-Nissan en lui demandant si elle était prête à donner des ordres de fabrication à des sous-traitants sur le territoire français à beaucoup plus grande échelle, ce qui permettrait de diminuer le coût unitaire.

Ce travail est en cours. Il est difficile car notre filière automobile, vous le savez, adopte plutôt la stratégie allemande consistant à faire travailler les sous-traitants ailleurs. Je lui demande, moi, de les faire travailler peut-être ailleurs, mais aussi en France, de façon qu’en moyenne on puisse ensemble diminuer le coût unitaire de production.

C’est ce que nous appelons la colocalisation. Pour garder les emplois de la sous-traitance automobile sur nos territoires, il faut augmenter la taille de nos entreprises. Voilà pourquoi nous travaillons à leur consolidation dans les douze métiers de l’équipement automobile. C’est un travail de longue haleine dans lequel il nous faudra l’aide et la coopération des chefs d’entreprise, comme je le leur réclame chaque fois que je les rencontre.

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