Intervention de Arnaud Montebourg

Séance en hémicycle du 10 juin 2014 à 15h00
Questions au ministre de l'économie du redressement productif et du numérique

Arnaud Montebourg, ministre de l’économie, du redressement productif et du numérique :

Monsieur le député, je voudrais vous dire, d’abord, qu’il n’y a, de ma part, nulle fanfaronnade : le décret sur les investissements étrangers, vous auriez pu le prendre, cela m’aurait évité de le faire. Ce que l’on a fait sur l’aluminium, vous auriez pu le faire. Ce que l’on a fait sur PSA – on a pris une participation de 14 % – vous auriez pu le faire. Ce sont des actes, et ils sont engagés au quotidien. Beaucoup de députés de l’UMP, d’ailleurs, me remercient – je garde précieusement les lettres – pour ce que fais en faveur de leurs entreprises. Pour moi, le patriotisme économique, c’est tous les jours, et c’est, tous les jours, concret, car l’État est présent et défend ses sites industriels.

Votre critique est peut-être une posture : en tout état de cause, je la récuse.

Voilà déjà près de quarante-cinq secondes que j’ai consacrées à vous répondre inutilement, par suite d’une provocation de votre part.

Je veux maintenant vous parler de choses sérieuses, car, si je puis dire, votre question est, tout de même, sérieuse.

Vous dénoncez le fait que le système bancaire ne s’acquitte pas de sa tâche. Comme je l’ai dit aux banquiers, ils se versent des bonus en augmentation de 19 à 40 %, ce qui leur paraît justifié car cela correspond à l’augmentation de leurs profits. Or, s’agissant de l’économie réelle, à laquelle vous faites référence – les toutes petites entreprises, les PME –, nous voyons que les crédits d’investissement sont à un niveau parfaitement acceptable tandis que, sur le plan de la trésorerie, les refus de crédits sont à un niveau proche de ceux de l’Italie ou de l’Espagne.

Les banques refusent de prendre le risque et d’accompagner les entreprises. Résultat : les niveaux de faillite dans les TPE et les PME sont excessifs. Autant, dans les grandes entreprises, les entreprises de taille intermédiaire et les PME, les restructurations sont derrière nous, autant les défaillances liées au durcissement du crédit nous préoccupent.

C’est la raison pour laquelle j’ai commencé par réunir les banques. Je leur ai dit que j’allais établir un lien entre les orientations stratégiques conduisant au versement des bonus et le financement de l’économie réelle, autrement dit des PME et des TPE. On va créer des indicateurs, les banques vont signer des engagements : si elles les respectent pour améliorer le financement des TPE-PME – on pourra en juger au vu des rapports de la Banque de France et des statistiques parfaitement objectivées –, elles auront le droit de verser leurs bonus. À défaut, nous ne serons pas d’accord. Ce n’est pas de l’incantation, c’est du concret. Et il se trouve que la place bancaire a commencé à travailler avec nous.

Par ailleurs, nous pensons qu’il est nécessaire, maintenant, que la France décide de se passer de son système bancaire. Nous venons de mettre fin au monopole bancaire, à travers le financement participatif et le crowdfunding. Mais il y a aussi d’autres mécanismes qui permettent de financer les PME, sans passer forcément – dans la dette ; je ne dis pas dans le capital – par le secteur bancaire. Créer la compétition avec les banques, c’est-à-dire ouvrir le marché pour permettre le financement par la dette à travers des titres : c’est ce à quoi nous travaillons aujourd’hui, de façon accélérée. Cela fera d’ailleurs partie des mesures que je détaillerai dans les semaines à venir, qui vous permettront de constater que les entreprises peuvent accéder à l’épargne des Français, mais sans passer par leurs banques, puisque ces dernières ne sont pas au rendez-vous. Cela les stimulera aimablement, et vous avec.

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