Intervention de Véronique Massonneau

Séance en hémicycle du 11 juin 2014 à 15h00
Impact de la réduction progressive du temps de travail — Explications de vote

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaVéronique Massonneau :

Si l’on veut améliorer une loi, si l’on veut mesurer ses effets positifs et négatifs sans sombrer dans le fantasme et la polémique, si l’on veut discuter posément et sereinement d’un sujet éminemment important, nous devons mener un travail de fond. C’est l’objet de cette proposition de création de commission d’enquête et cela va dans le bon sens.

Les résultats de cette commission montreront certainement les aspects pervers qu’ont pu avoir les 35 heures. Ne nous le cachons pas, c’est évident, il y en a. Mais sont-ils rédhibitoires ? Sont-ils vraiment la cause de la crise économique et du pic de chômage que nous connaissons depuis quelques années ? Je ne le pense sincèrement pas. J’estime, au contraire, que cette commission d’enquête va pouvoir mettre en avant les atouts de la semaine de 35 heures : plus de temps libre, meilleure répartition vie privée-vie professionnelle, création d’emplois.

Les écologistes, vous le savez, sont très attachés à la réduction du temps de travail. Le travail ne doit pas être vu comme une fin en soi, mais comme le moyen de construire une société plus solidaire et plus équitable. Nous sommes convaincus que les progrès sociétaux, sociaux et économiques s’inscrivent dans la réduction progressive du temps de travail. Une étude de l’INSEE, datée de 2010, tend à le corroborer. En effet, elle affirme que : « en près de soixante ans, la durée du travail a baissé d’environ 25 % sur un panel de dix pays ayant un PIB par habitant parmi les plus élevés ».

Ainsi, depuis la révolution industrielle, la durée du temps de travail suit une courbe descendante dans l’ensemble des pays industrialisés. La réduction du temps de travail doit continuer et se traduire notamment par la semaine de 32 heures, que les écologistes prônent depuis de nombreuses années.

Cette nouvelle réduction du temps de travail aura plusieurs avantages. Je citerai, tout d’abord, la réduction du chômage de masse qui se caractérisa par le respect dans un premier temps des 35 heures, puis par l’abaissement du contingent d’heures supplémentaires autorisées et, enfin, par la réduction du temps de travail sous toutes ses formes : âge de la retraite, réduction hebdomadaire vers les 32 heures avec expérimentation dans les secteurs volontaires, droits à la formation et aux temps sabbatiques.

Second avantage, une nouvelle augmentation du temps libre permettra à nombre de nos concitoyens d’avoir plus d’accès aux loisirs, mais également de s’investir davantage dans le monde associatif, maillon essentiel d’une société solidaire, où l’on vit bien, où l’on vit mieux, où l’on vit ensemble. Pour ouvrir la réflexion de notre assemblée sur ce sujet, les écologistes soutiennent cette proposition de résolution. Sûrement n’ont-ils pas les mêmes attentes que nos collègues quant aux conclusions qui seront rendues par cette commission.

Mais ils s’y investiront intelligemment et attendront sereinement ses conclusions, car ils restent persuadés d’une chose : le principal défi qui s’ouvre désormais, ce n’est pas de travailler plus pour gagner plus, mais de travailler moins et mieux pour travailler tous.

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