La FIDH se préoccupe beaucoup de l'aggravation continue de la situation en Ukraine depuis novembre 2013, quand lui sont parvenus les premiers rapports sur les disparitions, les arrestations arbitraires, les tortures. Nous avons en outre exprimé notre grande inquiétude sur les conditions dans lesquelles s'est déroulé le référendum en Crimée : une présence armée très forte ôte à notre sens toute légitimité à cette consultation.
Nous travaillons sur de nombreux cas de disparitions non encore élucidées, y compris pendant les mois de décembre et de janvier derniers. Il nous semble nécessaire que l'action judiciaire soit poursuivie contre les auteurs de ces méfaits.
Nous nous soucions également des personnes déplacées et des réfugiés, sans cesse plus nombreux et se retrouvant pour beaucoup dans une situation très inquiétante.
Nous sommes attentifs au respect de toutes les minorités. La situation des Tatars est plus que préoccupante en Crimée ; plusieurs ont trouvé la mort, d'autres ont été enlevés, arrêtés ou détenus, d'autres encore ont été dépossédés de leurs biens, soit au cours de leur tentative de quitter la Crimée, soit sur place. Nous avons recensé, lors de nos missions, de nombreux cas d'intimidation, de harcèlement et de persécution de ceux qui expriment leur désaccord avec l'annexion de la Crimée par la Russie, qu'il s'agisse des directeurs d'école, des enseignants, des journalistes et des activistes politiques. Comme la communauté des Tatars de Crimée a déjà connu la répression sous Staline et a eu par la suite, tout au long de l'histoire de l'Union soviétique, un vécu dramatique, il convient de prendre particulièrement en considération la vulnérabilité qui en résulte. Tout aussi dramatique, sur le plan économique, est la situation des Tatars qui ont dû quitter la péninsule en urgence.
Nous nous préoccupons par ailleurs du sort des personnes contraintes, à cause des hostilités, de se déplacer du Sud ou de l'Est vers l'Ouest.
Le nombre des personnes disparues ou torturées pendant leur détention – arbitraire – augmente de façon dramatique dans l'est de l'Ukraine. Des témoignages signalent la participation de forces russes à ces agissements. Des enquêtes doivent être menées le plus rapidement possible afin que la lumière soit faite sur ces actes. La justice est la seule garantie d'une paix durable.
La liberté sans restriction de la presse doit être assurée pour tous les journalistes souhaitant couvrir le conflit contre la véritable guerre de propagande menée par le gouvernement russe. Nous déplorons les meurtres de journalistes dans l'est de l' Ukraine. Un journaliste russe, en particulier, qui a beaucoup travaillé avec la FIDH, a ainsi trouvé la mort.
Enfin, il s'agit d'appeler l'attention de la diplomatie française, européenne et internationale sur l'importance de ce qui se passe en Ukraine, mais aussi en Russie elle-même, puisque les libertés civiles, déjà très menacées depuis deux ans, le sont encore davantage à la suite de ce conflit. Les voix indépendantes qui contestent l'action des forces russes en Crimée, à l'est de l'Ukraine ou à Odessa sont réprimées, persécutées. Les conséquences de cette situation affectent toute l'Europe de l'Est, mais aussi l'Asie centrale.