Monsieur Quentin, ce sont des sujets sérieux, importants. J’ai eu à les traiter pendant deux ans dans le cadre des Conseils justice et affaires intérieures, puis avec l’ensemble de nos partenaires.
Vous avez évoqué plusieurs sujets : la question de Schengen, c’est-à-dire des frontières extérieures de l’Union européenne, la question de l’entrée dans l’espace Schengen de deux pays, la Roumanie et la Bulgarie, qui connaissent des situations différentes, et les problématiques d’immigration liées aux drames qui ont lieu en Méditerranée. Ces sujets doivent être traités sérieusement, avec méthode, en nous inspirant par exemple, c’est l’idée que nous avons défendue, de ce qui a été engagé par les Espagnols, avec le soutien de l’Union européenne, avec le Sénégal, la Mauritanie et le Maroc, malgré la pression incontestable qui existe sur les enclaves de Ceuta et Melilla.
C’est avec les Italiens – le président du Conseil Matteo Renzi a été cité tout à l’heure – qu’il faut construire, dans un contexte très différent dû à la situation de la Libye, une politique d’immigration qui passe par des opérations spécifiques, telles que l’opération Mare Nostrum, ainsi que par des coopérations avec les pays les plus concernés.
Ces sujets sont depuis longtemps sur la table du Conseil européen et font l’objet de propositions. Il s’en dégage au moins deux lignes claires : d’abord le renforcement de l’ensemble du dispositif en matière d’immigration, car il est évident que nous ne pouvons plus continuer à travailler comme avant – c’est une question de moyens, et ensuite la présence de garde-côtes européens, parce que, au fond, c’est ce qui marche quand cela existe, et c’est tout le problème de la situation au large de la Tunisie et de la Libye.
Je termine en soulignant vos contradictions : vous nous demandez de nous rapprocher et de travailler avec nos partenaires allemands, ce que nous faisons d’ailleurs, sur cette question comme sur toutes les autres, et en même temps de menacer de sortir de Schengen ou de suspendre notre participation, reprenant là une antienne que nous avions déjà entendue pendant la campagne électorale.
Si nous voulons construire l’Union européenne et qu’elle sorte des difficultés qu’elle connaît aujourd’hui, si nous voulons répondre sur ce sujet comme sur bien d’autres à l’attente des peuples, il faut être sérieux, il ne faut pas marcher avec des slogans. Et vous annoncez que nous souhaiterions suspendre notre participation à Schengen… Cette menace a déjà été brandie par le passé, et je me rappelle avoir constaté, à l’occasion de ma première réunion au Conseil JAI, combien cela avait été apprécié par l’ensemble de nos partenaires, notamment allemands ! Sur ce sujet-là, soyons sérieux. On ne construit pas une politique d’immigration et d’organisation des flux migratoires en Europe en menaçant de suspendre notre participation à Schengen.