Intervention de Maud Olivier

Réunion du 25 juin 2014 à 9h00
Commission des affaires culturelles et de l'éducation

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaMaud Olivier :

L'ambition de ce rapport, vous l'avez compris, est de faire des propositions visant à ce que l'ensemble des acteurs se rassemblent pour mettre en place des politiques partagées.

En ce qui concerne les lycées agricoles et professionnels, ils sont évoqués indirectement à travers les propositions relatives aux procédures d'orientation et aux filières.

En matière de gouvernance, nous souhaitons que le ministère de l'enseignement supérieur et de la recherche soit le pilote de la mise en oeuvre des actions en faveur des CSTI, puisqu'il en gère les crédits. Si les CSTI relèvent, pour l'heure, du ministère de la culture et de la communication, le ministère de l'enseignement supérieur et de la recherche n'est pas opposé à un éventuel partage entre les deux ministères. Plutôt qu'une délégation interministérielle, nous souhaitons qu'il y ait, au sein de chaque ministère, un référent sur ces questions.

Nous souhaitons également qu'il existe des lieux de débat permanent au niveau des régions, puisqu'elles gèrent une partie des crédits. De la sorte, les citoyens se sentiraient plus concernés par ces sujets. Cela permettrait aussi à l'ensemble des acteurs et partenaires d'échanger. L'État aura la responsabilité de définir la stratégie nationale et les régions auront pour tâche de la mettre en oeuvre, mais également de coordonner les initiatives locales et de formuler des propositions.

« La main à la pâte » est une forme d'apprentissage que nous souhaitons voir généralisée. Actuellement, cette expérimentation n'est appliquée que dans la moitié des écoles primaires : il est dommage que toutes les écoles ne se soient pas emparées de ce dispositif. C'est pourquoi nous recommandons que, dès la formation des formateurs et des futurs professeurs des écoles, il y ait une sensibilisation aux cultures industrielle, scientifique et technique. Bien souvent, les professeurs des écoles sont issus de filières littéraires et ne sont pas sensibilisés à ces matières-là. Il est donc nécessaire de développer leur appétence pour les CSTI dès l'université.

Nous avons également souhaité que les décideurs politiques soient clairement associés. L'OPECST pourrait ainsi développer la tenue de « cafés des sciences ». L'une de nos propositions consiste en effet à confier à l'OPECST le soin d'organiser ces débats, pourquoi pas, par exemple, à la buvette de notre Assemblée.

En ce qui concerne la dimension européenne de notre problématique, c'est le programme Horizon 2020 – et non la Stratégie de Lisbonne – qui est visée. Celui-ci insiste sur l'excellence scientifique et technologique des États membres et la France y participe.

Vous avez évoqué l'Institut des hautes études pour la science et la technologie (IHEST). Nous proposons qu'il devienne l'Institut des hautes études pour la science, la technologie et l'industrie (IHESTI), afin d'être plus incitatif sur l'aspect industriel de la culture scientifique.

Pour répondre à M. Rudy Salles, il conviendrait en effet de réfléchir plus en avant sur les filières et les changements de filières en cours d'année ; mais ce n'était pas l'objet premier du rapport.

En ce qui concerne les passerelles avec le monde économique industriel, nous souhaitons effectivement développer les liens entre des universités, ou des centres éducatifs, et des industries implantées sur le même territoire, comme cela existe déjà. Des visites de découverte pourraient notamment être organisées pour mieux faire connaître le patrimoine industriel et susciter les vocations. De même, la production de programmes télévisés, notamment des séries, mettant en scène l'industrie pourrait donner une image plus positive du monde industriel et avoir un impact important sur l'appétence pour les carrières scientifiques. La mise en place des concours centrés sur l'innovation participerait également de l'ouverture entre l'université et le monde économique industriel.

Pour répondre à la question de Mme Isabelle Attard sur les initiatives locales, j'indique que le terme « diffuser » a été remplacé par les termes « faire connaître et partager », précisément pour insister sur la nécessité d'une initiative ascendante de diffusion de la culture scientifique.

Nous avons également souhaité encourager l'expérimentation, en intégrant cet aspect à la formation des maîtres. C'est en effet un moyen de faire toucher du doigt aux plus jeunes ce que sont la science et la technologie.

La revalorisation de la recherche, quant à elle, est prévue par la « loi Fioraso » du 22 juillet 2013 qui met en place des instruments nouveaux, comme la stratégie nationale de la recherche.

Pour répondre à Mme Julie Sommaruga, j'ai rencontré M. Benoît Hamon il y a une dizaine de jours ; il s'est montré ouvert à nos propositions. Nous avons également vu Mme Geneviève Fioraso, qui a été tout à fait favorable à nos recommandations. Nous veillerons à ce que l'application de celles-ci soit suivie auprès de chaque ministère, leur entrée en vigueur ne pouvant qu'être échelonnée en fonction de leur degré d'importance. Nous souhaitons également qu'un débat ouvert à tous soit organisé d'ici un an par l'OPECST pour mesurer les effets de nos recommandations. Un certain nombre de propositions sont de facto déjà mises en oeuvre, notamment en ce qui concerne les MOOC.

En ce qui concerne les vocations scientifiques des jeunes filles, je pense qu'il revient notamment aux médias de s'emparer de la question afin de lutter contre les stéréotypes – par exemple, en évitant de montrer des « blouses blanches » toujours masculines –, mais aussi aux professeurs et aux familles de s'impliquer dans l'orientation de ces élèves, qui ne doit plus être prédestinée. Plus largement, je crois qu'il faut que toute la société s'y mette, afin de travailler sur l'image que les filles se font d'elles-mêmes et sur les freins qu'elles se créent.

Je prendrais l'exemple des manuels scolaire pour illustrer mon propos. J'ai été particulièrement choquée par un manuel de mathématiques pour les élèves de terminale scientifique, édité par Hachette en 2012 – donc récemment ! -, dont l'introduction au chapitre sur les nombres complexes commence par un dessin représentant un homme « complexe » qui s'adresse à une femme « réelle », laquelle explique qu'elle fait un « complexe » parce qu'elle a grossi… C'est quelque chose que nous ne voulons plus voir !

S'agissant de la gouvernance et de la représentation des organismes de recherches, je vous indique que l'Agence nationale de la recherche est membre du Conseil national de la culture scientifique, technique et industrielle et donc que le monde de la recherche y est représenté, même si je partage l'avis selon lequel cette représentation doit être renforcée.

Nous souhaitons introduire la recherche dans toutes les séries de l'enseignement secondaire, non seulement dans celles qui sont scientifiques et techniques et mais aussi dans celles qui se consacrent aux sciences humaines et sociales. C'est d'ailleurs cette même idée qui a fondé l'expérimentation de « La main à la pâte » : il faut donner plus largement l'envie de faire de la recherche.

Je partage le jugement qui a été émis sur la formation des journalistes scientifiques. J'ai été frappée de voir qu'en Allemagne la presse scientifique est importante et très lue ; cela n'a pas d'équivalent en France, où seulement une poignée de journalistes disposent de compétences scientifiques très poussées. C'est pourquoi nous recommandons d'introduire un volet scientifique dans la formation des journalistes, qui ont, je le rappelle, un rôle très important à jouer, non seulement pour se situer sur le terrain de la controverse mais aussi – et surtout – dans le partage de la connaissance. Pourquoi n'avons-nous pas retenu le modèle du « Science Media Center » ? De prime abord, l'idée nous avait paru séduisante, mais le mode de financement de la structure, qui s'appuie sur les industriels, laisse planer une suspicion sur les informations qu'elle pourrait donner et nous a conduits, par conséquent, à ne pas retenir cette piste.

J'ai également été interrogée sur les questions d'environnement. L'enseignement de la culture scientifique, technique et industrielle permet le développement d'un regard critique sur les différents enjeux de société liés à la science et à l'environnement – transition énergétique, nucléaire ou OGM, notamment – et apporte aux citoyens des clefs pour se faire un avis sur ces sujets. Si le rapport ne s'est pas focalisé sur l'éducation à l'environnement et au développement durable de manière spécifique, c'est qu'il est contenu dans les enseignements de découverte que nous évoquons tout au long du rapport.

Pour répondre à M. Huet, je rappelle notre préconisation sur le « fil rouge », ce sujet d'étude scientifique, technique ou industrielle qui pourrait être déterminé en début d'année scolaire dans les classes de collège et creusé tout au long de l'année, permettant la présentation de métiers par des professionnels et, le cas échéant, associant les parents. Quant à l'expérimentation « La main à la pâte », nous avons suggéré que des personnalités, notamment des retraités, puissent assister les professeurs des écoles, ce qui permettrait de faire davantage entrer les citoyens dans les établissements et de faire partager leurs connaissances.

Enfin, en réponse à M. Yves Durand qui m'interrogeait sur les suites de notre rapport, je rappelle ce que j'indiquais précédemment : nous avons l'intention d'organiser, sous l'égide de l'Office, un débat un an après la publication du rapport afin de mesurer l'état de mise en application des préconisations et de les mettre à jour.

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