J'ai entendu les déclarations de M. Gabriel mais la France ne doit pas leur accorder une importance excessive car le Gouvernement allemand n'a pas adopté de position officielle à cet égard. Le point déterminant est le suivant : quelles marges de manoeuvre le pacte de stabilité et de croissance offre-t-il à chaque État membre pour réduire ses dettes en fonction de sa situation propre ? Il ne s'agit pas de modifier les traités mais de fixer des objectifs adaptés à chaque pays. La France ne sera pas obligée de respecter le critère de 3 % parce qu'il en a été décidé autrement afin de lui permettre de sortir de la crise. Ces questions peuvent être discutées et des solutions peuvent être décidées par le Conseil.
Le succès de l'extrême-droite et des populistes aux élections européennes, en France, au Royaume-Uni et au Danemark, s'explique par des raisons différentes, notamment par la crise mais pas seulement. Il est crucial que les politiques réagissent à cette situation. En Allemagne, la CDU-CSU doit marquer et maintenir les limites entre elle et les eurosceptiques de l'AfD.
Comment les conservateurs français, de leur côté, vont-ils procéder pour freiner l'essor du FN et de Marine Le Pen ? En Allemagne, nous avons la chance que les Alliés, après-guerre, nous aient offert un système électoral intégrant les petits partis à la vie politique. En France, en Espagne, en Italie et au Royaume-Uni, les situations sont différentes. La frustration importante vis-à-vis des responsables politiques français est palpable : les citoyens les jugent de moins en moins capables de trouver des réponses adaptées à leurs préoccupations et sont davantage attirés par des petits partis. Le droit électoral allemand envisage différemment le rôle de ces petits partis, qui peuvent apparaître comme porteurs de solutions.