Je me concentrerai sur une question : qu'entend-on, en France, par « union énergétique », expression peu courante en Allemagne ? Donald Tusk, le premier ministre polonais, envisage lui aussi ce concept, notamment depuis la crise ukrainienne, car l'Ukraine dépend à 100 % du gaz russe. Je crois comprendre que l'idée est de renforcer l'Union européenne en obtenant des avantages tarifaires pour les importations énergétiques, en améliorant les conditions d'approvisionnement en gaz et en exploitant mieux les ressources gazières dont dispose l'Europe notamment grâce à la fracturation hydraulique.
En Allemagne, les autres questions que vous avez abordées ne sont pas envisagées du point de vue de l'Union européenne. En effet, sur le front de la transition énergétique, l'Allemagne a avancé dès 2000, avec le remplacement des énergies fossiles par la biomasse, l'éolien, le solaire, système qui coûte cher aux citoyens.
La réforme de la loi relative aux énergies renouvelables prévoit que leur part augmentera mais qu'elle sera finançable par les consommateurs et par les entreprises. Il faut revoir la compétitivité de ce système car il a déjà couté très cher à nos consommateurs et nous arrivons aux limites de ce qu'ils peuvent accepter. Le débat qui s'amorce en France au sujet de l'augmentation de la part d'énergies renouvelables a déjà bien avancé en Allemagne, avec une part de 25 % dans le mix énergétique. Mais le financement est désormais la question numéro un. En ce qui concerne les possibilités de subventionnement, à l'avenir, nous nous montrerons très prudents : les futures fermes éoliennes ne doivent pas ruiner les consommateurs.
Nous sommes favorables aux propositions de la Commission européenne et même prêts à aller au-delà : elle parle de 27 % d'énergies renouvelables quand nous pouvons tout à fait imaginer aller jusqu'à 30 % ou plus. Mais il faut évidemment prendre en compte la question cruciale de l'efficacité énergétique. Cela dit, l'objectif fixé par la Commission européenne sera évalué dans quelques jours et il apparaîtra qu'il n'a pas été respecté car il était très ambitieux. Et, comme vous le disiez, madame la Présidente, « l'énergie la moins chère est toujours celle qui n'est pas consommée ».
Au Bundestag, nous allons suivre de très près les propositions de Mme Royal car, pour les États dépendant du gaz russe, la transition énergétique est un sujet majeur. L'autre sujet très important pour nous est la compétitivité et la possibilité de faire financer les énergies renouvelables par les consommateurs et les industriels.