Pourquoi le pacte de stabilité a-t-il été adopté à l'époque ? Il faut le rappeler régulièrement. Pourquoi 60 % ? Pourquoi 3 % ? Ces taux n'ont pas été choisis au hasard. Le taux de 60 % a été fixé parce que c'était la moyenne d'endettement des États membres de l'Union Européenne, dans le dessein commun d'obtenir une monnaie stable ; en pratique, c'est une sorte de règle d'or. Quant au taux de 3 %, il correspondait aussi à une moyenne, calculée à une époque où prévalait encore la croissance économique : l'idée était de ne s'endetter que jusqu'à un certain niveau, ne mettant pas en danger la croissance économique.
Votre proposition enclencherait une spirale d'endettement à l'échelle de l'Union européenne. Les fonds structurels bénéficient à tous les États membres pour compenser leurs faiblesses économiques et combler les écarts existant encore, particulièrement au détriment des pays de l'Est et du Sud-Est. Et le taux de cofinancement a été assoupli : pour la Grèce, il atteint à peu près 5 %. Cet argent, perçu comme de l'aide directe, est évidemment accordé en contrepartie de la réalisation de réformes structurelles visant à sortir de la crise. Imaginez, sans cette solidarité, ou en serait aujourd'hui la Grèce ! Aucun pays de l'Union européenne, aucun pays de l'union monétaire n'a été laissé sur le bord de la route par ses partenaires ; c'était un moyen de renforcer la confiance dans l'Union européenne et d'attirer des investissements extra-européens.
La France a une position bien particulière, incomparable avec celle de la Grèce ou du Portugal, et nous devons être francs entre nous : elle souffre d' un déficit de réformes structurelles. Cette contrepartie n'a pas été décidée par l'Allemagne mais par l'Union européenne et elle s'impose à tous les pays.
On parlait autrefois de l'Allemagne comme de « l'homme malade de l'Europe ». C'est maintenant le tour d'autres pays. Les pays baltes, par exemple, dont la presse ne parle pas souvent, ont conduit des réformes douloureuses mais nécessaires, quand la Grèce laissait la maison brûler. Il serait injuste d'accorder maintenant à certains États membres des aides ou des souplesses, sous prétexte de compréhension – ce dont bénéficie déjà la France avec deux années de délai supplémentaires.
Je connais la situation française, je sais que Manuel Valls souhaite mettre en place des réformes. Et je me souviens combien la résistance fut forte, en Allemagne, après l'annonce de l'agenda de 2010. Mais l'opposition a apporté son aide au chancelier Schröder et la même chose est imaginable pour la France aujourd'hui. J'estime que c'est la seule solution.