Intervention de Arnaud Richard

Séance en hémicycle du 12 novembre 2012 à 16h00
Projet de loi de finances pour 2013 — Mission Égalité des territoires logement et ville

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaArnaud Richard :

Je conviens que ce n'est pas facile. N'est ce pas, monsieur Cahuzac ?

Les millions de nos concitoyens qui habitent dans ces quartiers sont confrontés quotidiennement, et dans de nombreux domaines, à une inégalité d'accès aux services publics, qu'il s'agisse de l'emploi, de la santé, ou même des prestations sociales. Ils avaient retrouvé espoir avec le plan de cohésion sociale et le plan national de rénovation urbaine, qui prévoyaient une programmation pluriannuelle massive, mais ils doivent bien se résoudre à constater que rien ne leur est proposé aujourd'hui.

À cet égard, je ne vous cache pas mon inquiétude, monsieur le ministre. Le choix idéologique consistant à hiérarchiser les ministères, à les classer par ordre d'importance – en fonction, semble-t-il, de l'électorat qu'ils sont censés concerner – et à distinguer des ministères prioritaires et des ministères non prioritaires, a quelque chose de profondément choquant et explique la baisse de crédits qui impacte les ministères du logement et de la ville.

S'il est des territoires dans lesquels il est nécessaire de garantir la présence pérenne des services publics, condition indispensable au maintien du lien social, ce sont bien ces quartiers. Malheureusement, je crains que sur cet aspect de l'action gouvernementale, vous vous soyez laissé gagner par une vision comptable de la politique de la ville, qui est pourtant supposée aider les quartiers les plus pauvres des villes les plus pauvres. On peut donc s'inquiéter du travail qui s'engage en matière de géographie prioritaire, d'autant plus que l'exercice est bien périlleux. Les critères que le Gouvernement choisira seront déterminants, et nous souhaitons qu'ils soient définis en étroite collaboration avec les élus locaux concernés.

S'agissant du programme ANRU II, la ministre nous a déjà en partie répondu tout à l'heure, mais qu'en est-il des projets stratégiques locaux et de la sortie des projets ANRU sur les sites prioritaires ? Pour quelle raison la réussite éducative, qui a été présentée comme l'alpha et l'oméga de la politique du Gouvernement, voit-elle ses crédits baisser au sein de cette mission ? Qu'en est-il, enfin, de la dotation de solidarité urbaine, qui, à l'heure où nous parlons, conduit des élus à prendre des initiatives désespérées, à quelques mètres de notre hémicycle ?

Pour terminer sur une note positive, je me féliciterai que les crédits consacrés à l'hébergement d'urgence soient en augmentation. Vous savez, madame la ministre, que j'ai réalisé, avec Mme Danièle Hoffman-Rispal, un rapport sur ce sujet. Notre groupe, comme le groupe socialiste, je crois, demandera la tenue d'un débat en séance sur les conclusions auxquelles nous avons abouti.

En conclusion, les élus des quartiers concernés commencent vraiment à douter de la volonté du Gouvernement de mener une politique en leur faveur. L'espoir n'est pas un luxe pour les élus de ces quartiers : ne les abandonnez pas !

Compte tenu de ces tergiversations et de ce manque de cap, le groupe UDI ne votera pas, malheureusement, les crédits de cette mission. (Applaudissements sur les bancs des groupes UDI et UMP.)

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