Là encore, la Cour des comptes ne vous suit pas, puisqu’elle précise que vous n’avez documenté que 30 milliards sur les 50 milliards annoncés. De la même façon, elle ne vous suit pas quand vous prétendez ramener le déficit public sous la barre des 3 % et stabiliser la dette en 2015.
La seule certitude que vous pouvez avoir, messieurs les ministres, est la suivante : tant que de véritables réformes structurelles, telles que la réduction du nombre de fonctionnaires, la flexibilité et la durée du travail, le recul de l’âge de la retraite et la baisse des charges sociales, ne seront pas décidées, l’embellie économique et sociale que vous nous promettez restera une belle illusion.
Pourquoi vous évertuer à prévoir le meilleur, alors que les Français n’ont justement plus aucune illusion et découvriront, de toute manière, le pire, d’autant que ces erreurs de prévisions devront être payées. Et qui paiera, sinon les entreprises et les classes moyennes déjà étranglées fiscalement ? Faute d’économie budgétaire d’envergure, c’est inévitable.
Le recours à l’impôt marginal injuste accélérera des mouvements migratoires déjà bien entamés et finira d’épuiser le potentiel fiscal de notre pays. Les annonces faites aux entreprises se réduiront à un tour de passe-passe : vous promettez des baisses de charges, mais ce ne seront que des minorations de hausses prévues.
Pire, vous reprendrez d’une main ce que vous aurez accordé de l’autre. La Cour des comptes l’a d’ores et déjà annoncé : sur les 35 milliards d’euros d’allégements issus du pacte de responsabilité pour les entreprises, vous augmentez parallèlement d’autres prélèvements pour un montant de 21 milliards.
Comment pouvez-vous afficher un tel enthousiasme, quand la France continue à détruire des emplois ? Comment notre ministre du travail peut-il se contenter de vouloir ramener le taux de chômage de 10,5 % à 9,5 %, quand l’Allemagne et l’Angleterre sont quasiment en situation de plein-emploi ? Cette ambition traduit l’aveu d’impuissance d’un Gouvernement qui a fait sienne la vieille rengaine mitterrandienne : en matière de lutte contre le chômage, on a tout essayé.
Le chômage serait donc toujours une fatalité pour les socialistes. Nos partenaires européens nous prouvent le contraire. Alors que les Allemands, les Anglais, les Suédois, et les Canadiens ont entrepris des réformes de structures avec les succès que l’on sait, vous avez déjà perdu deux ans à vendre du politiquement correct de gauche, entretenant une routine idéologique impuissante à retrouver les chemins de la croissance.
Si votre pacte de responsabilité laisse entrevoir l’abandon de vos vieilles doctrines, il pêche, hélas, par sa tardiveté, son manque d’audace pour regagner le terrain perdu et j’ai peur qu’il ne s’enlise dans des tergiversations budgétaires interminables au sein même de votre propre majorité. Nous venons d’en être les témoins.
J’espère que vos bonnes intentions affichées envers les entreprises et les classes moyennes ne céderont pas devant le front politique et social auquel vous devrez faire face. Enfin, vous l’avez compris, je suis loin de partager votre enthousiasme sur les perspectives de nos finances publiques et sur le destin vers lequel vous engagez la France.