Le Royaume-Uni a connu récemment un attentat effroyable – un soldat a été égorgé en pleine rue. Les deux auteurs de ce crime sont, eux aussi, des personnes en rupture avec la société d'accueil qui pratiquent une « guerre sainte ». Sous la pression des événements, nos positions se rapprochent, celle des Britanniques ayant largement évolué car ils doivent, eux aussi, se protéger. Ils travaillent beaucoup à prévenir la radicalisation, avec une approche politique différente de la nôtre en ce que notre droit ne connaît que des citoyens et non des communautés. Sur le plan opérationnel, nos services parlent le même langage et coopèrent efficacement.
Pour ce qui est des relations entre musulmans et non musulmans, nous devons veiller à ce qu'il n'y ait pas d'amalgame et que le comportement d'une poignée d'individus ne rejaillisse pas sur l'image d'une communauté qui, dans son immense majorité, aspire à vivre paisiblement dans le cadre des lois de la République. C'est le rôle de l'autorité politique de le répéter en permanence. La création du numéro vert spécifique a été approuvée par la communauté musulmane, dont les responsables religieux, conscients de ce défi, ont une attitude très responsable.
La gestion des retours des djihadistes lorsqu'ils se font par avion est encore ce qu'il y a de plus simple. Un article de la loi de programmation militaire adoptée en 2013 a autorisé la création d'un fichier des passagers des compagnies aériennes. Le ciblage des individus concernés ainsi rendu possible permettra aux services d'agir, mais il est compliqué par le fait que, pour brouiller les pistes, les voyages de retour vers la France sont souvent volontairement scindés. À cela s'ajoute que dans l'espace Schengen les contrôles sont l'exception. Le principe de la liberté de circulation et les moyens de droit rendent très difficile la tâche des services, qui finiront par buter sur un problème d'effectif si l'on ne parvient pas à endiguer le flux des départs. Voilà pourquoi il faut s'y employer impérativement.