Cette espèce, de surcroît, prolifère sur l’ensemble du territoire national et pourrait retrouver le territoire qu’elle occupait en France entre le XVIIIe et le XIXe siècle, à savoir toute une partie des régions de l’Est jusqu’à la Bretagne. Le loup fait ainsi irruption dans des territoires qui, jusqu’à présent, n’étaient pas concernés. Or, la convention de Berne à laquelle il est régulièrement fait référence, remonte à plus de trente-cinq ans, à un moment où le canis lupus n’était pas aussi répandu sur le territoire national.
Nous pouvons nous inspirer de l’expérience des pays voisins, en particulier l’Italie, où le coût du maintien du loup et de l’élevage pastoralisme ne cesse d’augmenter, où l’on peut craindre des croisements entre loups et chiens, fort inquiétants car le loup perd alors la peur de l’homme. Rappelons que le législateur américain permet d’abattre non seulement le loup qui s’approche de trop près d’un troupeau, mais aussi l’ensemble de la meute, pour que le loup conserve la peur de l’homme.
Cette affaire n’est pas une plaisanterie, pour deux raisons. Tout d’abord, le prochain gibier du loup pourrait redevenir celui du XVIIIe ou du XIXe siècle, à savoir le petit frère ou la petite soeur du berger. Ensuite, il faut entendre les descriptions d’éleveurs qui ont vu leurs troupeaux décimés, qui vous décrivent une plaine rouge du sang de leurs brebis, les animaux qui traînent leur panse, les lambeaux de chair, et les 50 % d’avortement en cas d’attaque.
Monsieur le ministre, il semble qu’un débat divise à nouveau le Gouvernement sur ce sujet. J’espère que vous serez du côté de ceux qui, hommes de terrain, savent bien que la cohabitation entre l’homme et le loup est impossible en zone de plaine.
Rappelons plusieurs points qui feront l’objet d’autant d’amendements. Tout d’abord, le Sénat a tout de même son utilité. Nous sommes en effet ici parce qu’il a adopté un article 18 bis qui n’existait pas auparavant et qui étend les possibilités de prélèvement de cette espèce qu’il faut bien appeler invasive et qui, au sommet de la pyramide alimentaire, ne peut cohabiter en zone de plaine avec les autres espèces. Par ailleurs, l’Europe oblige nos agriculteurs, et sans doute à raison, à laisser toujours un couvert. Or, il est fréquent que des troupeaux de brebis soient envoyés brouter le couvert. Il faudrait par conséquent dépenser plusieurs millions d’euros pour élever des clôtures de plus de deux mètres de hauteur autour des champs, ce qui est impossible pour des raisons environnementales et économiques. Je défendrai par conséquent des amendements pour modifier certains termes, notamment celui de pastoralisme qui fait référence à l’élevage de montagne avec transhumance sans correspondre à celui des zones de plaines.
Il conviendra également de revoir les possibilités de chasse. Nous n’avons plus, en France, même si cela paraît impensable et que nous avons conservé des lieutenants de louveterie, de chasseurs capable de poursuivre cet animal. Je connais d’excellents lieutenants de louveterie et d’excellents chasseurs qui sont également éleveurs de moutons. Ils ont eu beau attendre le prédateur, ils ne sont jamais parvenus à le tirer une seule fois. Le plan de prélèvement autorisé n’est donc pas respecté et l’espèce continue à se développer et à envahir l’ensemble du territoire national.
Au moment où les éleveurs du sud de la France sont confrontés, non seulement au loup, mais à l’ours, et maintenant, au vautour des Pyrénées, la représentation nationale aurait intérêt à prendre en considération cette question et à tenir compte de la sagesse des sénateurs.