Nous voulons tous venir au secours des cheptels d’abeilles, madame Auroi. Je profite d’ailleurs de cette occasion pour rendre hommage à Martial Saddier qui a produit parmi les premiers un travail très approfondi et fait un certain nombre de propositions. Il existe assurément un consensus sur le fond. Mais cet amendement pose la question de l’interprétation du principe constitutionnel de précaution. Jusqu’à quel point ce principe est-il un principe d’immobilisme, alors qu’il est écrit qu’il faut proportionner les mesures, lorsqu’il y a un danger supposé pour l’environnement, en l’occurrence pour les abeilles ? C’est cet équilibre qui suppose que l’on fasse preuve de réflexion et que l’on prenne le temps d’un débat pour évaluer les avantages et les inconvénients d’une mesure proposée pour réduire un risque environnemental. Or, ce débat n’a jamais lieu. Je le regrette. On commence par interdire, puis l’on attend de voir ce qui se passe. Mais des exploitations agricoles peuvent se retrouver menacées. En effet, d’autres agriculteurs, dans d’autres pays européens, continueraient à produire ce qu’elles-mêmes ne pourraient plus produire, privées de certains produits, et nous aggraverions le déficit de notre balance commerciale. Il y a des conséquences économiques et des conséquences humaines. Ce n’est pas pour autant qu’il ne faut pas s’occuper de l’environnement, mais il faut également tenir compte des autres éléments. Or on n’en parle jamais dans le débat, et cela m’inquiète.