Le Président de la République a fait de la jeunesse sa priorité. C'est un bel objectif et je me suis réjouie de l'augmentation des moyens accordés à l'enseignement scolaire. Mais comment valoriser la jeunesse et l'éducation en rognant sur le sport, la jeunesse, la vie associative et l'éducation populaire ? Cette mission est pourtant au coeur du grand pôle éducatif souhaité par le Président !
Cette mission, déjà malmenée pendant la décennie de la droite au pouvoir, perd encore un peu de ses moyens humains et financiers.
Certes, sa faiblesse se conjuguait somme toute assez bien avec les actions de vos prédécesseurs, amateurs de RGPP, de financements privés et de partenariats public-privé à tout va. Mais aujourd'hui, la ministre, à la tête d'un ministère de plein exercice, porte clairement le discours, que les bénévoles attendaient, sur les missions de service public à développer avec les associations.
Chacun connaît son engagement pour l'éthique sportive ainsi que sa détermination à défendre le sport pour toutes et tous et l'esprit olympique. Ces ambitions appellent des moyens humains et financiers nouveaux. Ils lui sont refusés.
Moyens humains tout d'abord : la disparition des directions départementales et régionales Jeunesse et sport ainsi que la RGPP ont nié les missions éducatives du ministère et affaibli la capacité d'intervention de l'État en lien avec les associations et les collectivités territoriales. L'intersyndicale Jeunesse et sport, que j'ai reçue, vous interroge sur deux points : la poursuite ou non des suppressions de postes – la réponse est hélas dans le budget – et la reconnaissance de leurs métiers par la mise en place d'un comité technique paritaire propre au ministère.
Venons-en à la partie « Jeunesse et vie associative » de la mission. Si le service civique continue son expansion, les autres crédits, comme les subventions aux associations, stagnent au bas niveau où la droite les a rendus. Pourtant, Léo Lagrange disait : « Aux jeunes, ne traçons pas un seul chemin, ouvrons toutes les routes. »
La ministre a obtenu la mise en place d'un comité interministériel sur la jeunesse. Son efficacité entraînera la mobilisation des associations de jeunesse, il faut leur donner les moyens.
Vous voulez mobiliser les associations sur les emplois d'avenir mais plus de 20 000 emplois salariés associatifs ont disparu ces deux dernières années. Comment les associations vont-elles financer la formation de ces jeunes ? Comment vont-elles pérenniser ces emplois sans être assurées de financements adéquats et pérennes ? Le monde associatif a besoin d'une véritable rupture avec les chiches politiques de guichet des gouvernements précédents. Las, vous en avez la volonté mais pas les moyens !
En ce qui concerne le sport, le budget qui nous est présenté n'est pas qu'un budget contraint en période de crise, c'est un budget en crise.
Nous le savons, le modèle sportif français, ce partage des missions de service public entre la puissance publique et le mouvement sportif pour le droit au sport pour toutes et tous, pour l'excellence sportive, est aujourd'hui malade. Le sport devient pour certains un placement dont on attend retour sur investissement ou sur image, quitte à forcer toujours plus les performances et le spectacle. L'actualité nous l'a, hélas, rappelé.