Intervention de Ahmad Salamatian

Réunion du 1er juillet 2014 à 17h00
Commission des affaires étrangères

Ahmad Salamatian, ancien député d'Ispahan, ancien vice-ministre des affaires étrangères iranien :

Je commencerai par évoquer la situation des femmes. Souvent, par l'excès de zèle, on obtient un résultat contraire à celui que l'on souhaitait. Quand les religieux ont pris le pouvoir en Iran, l'évolution de la société était balbutiante : il y avait un petit nombre de femmes iraniennes modernes, derrière une jolie vitrine. Les religieux ont jeté des pierres sur cette vitrine, et les morceaux se sont éparpillés dans toute la société. Aujourd'hui, la société iranienne est féminisée. En termes d'évolution des mentalités sur la place des femmes, elle est même l'une des plus évoluées au Moyen-Orient, si ce n'est la plus évoluée – je suis prêt à soutenir ce point de vue face à quiconque.

Je donnerai un seul exemple. Avant la révolution de 1979, l'âge légal du mariage était de quinze ans en Iran. Cependant, le législateur avait prévu une dérogation : les jeunes filles pouvaient se marier dès treize ans si leurs parents le demandaient. Résultat : les bureaux qui étaient chargés de délivrer ces dérogations étaient l'une des administrations les plus fréquentées du pays ; les mères mettaient du coton dans le soutien-gorge de leurs filles pour montrer que celles-ci étaient en âge de se marier. En définitive, l'âge moyen auquel les jeunes filles se mariaient était de treize ans. La République islamique a ramené l'âge légal du mariage à neuf ans, comme c'était le cas dans la charia à Médine il y a quatorze siècles. Mais, après trente-cinq ans de régime islamique, l'âge moyen auxquelles les jeunes filles se marient en Iran est aujourd'hui de vingt-six ans. C'est un miracle démographique !

Aujourd'hui, les femmes iraniennes sont présentes dans la vie politique et dans toutes les professions. Elles produisent plus de films que les hommes. Il y a quelques années, j'ai aidé le maire d'Évry – l'actuel premier ministre – à organiser un festival de cinéma féminin iranien dans sa commune. Ensuite, la mairie de Paris a voulu en faire un à son tour. Elle a posé comme condition que les cinéastes aient déjà réalisé trois longs métrages et cinq courts métrages, diffusés à l'écran. Un responsable des affaires culturelles de la mairie de Paris s'est alors rendu en Iran et a identifié trente-cinq réalisatrices pour participer au festival !

Ne vous laissez pas abuser par deux mètres de tissu sur la tête des femmes ou sur celle des mollahs : sous le tchador, il y a des femmes, et sous le turban, il y a des cerveaux – ce qui ne veut pas dire que ces cerveaux pensent toujours bien.

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Inscription
ou
Connexion