Madame la présidente, monsieur le secrétaire d’État, monsieur le président de la commission, madame la rapporteure générale, mes chers collègues, au début de la discussion de ce projet de loi de finances rectificative en première lecture tout comme au début de la discussion du projet de loi de financement rectificative de la Sécurité sociale, le tout formant un bloc, j’avais, au nom du groupe SRC, appelé au courage, à la constance et à la cohérence. Il va de soi que c’est de nouveau à cela que je nous appelle en début de nouvelle lecture, tout en me réjouissant que notre assemblée ait adopté ces deux textes en première lecture avec de larges – quoique différentes – majorités.
Nous entamons cette discussion en nouvelle lecture en étant éclairés par le débat d’orientation budgétaire qui s’est tenu la semaine dernière dans l’hémicycle et qui nous a ouvert de nouvelles perspectives – je pense en particulier aux informations que le Gouvernement a données concernant le budget triennal.
L’ensemble repose toutefois sur une seule et unique question, par laquelle je commencerai : la question de la croissance et de son contenu en emplois. Je gage que chacun ici, quel que soit le banc sur lequel il siège, en fait une priorité.
La croissance est là, mais elle est faible. Comme l’a constaté hier le Président de la République, elle est insuffisante et cette situation – je le cite – n’est « pas acceptable ». L’emploi en est pour partie le résultat : le chômage continue de progresser. Je rappelle tout de même que l’économie française crée de nouveau des emplois, mais de manière insuffisante par rapport à notre dynamisme démographique et à l’augmentation de la population active. À chaque fois que nous comparons notre taux de chômage avec celui d’autres pays européens, il est bon, en effet, de rappeler que nous ne connaissons pas le même contexte démographique.
Quoi qu’il en soit, notre objectif est simple : retrouver davantage de croissance et lui donner plus de contenu en emplois. Il est normal que nous ayons eu en première lecture un large débat sur les voies et moyens permettant de dynamiser la croissance. Ce débat se poursuivra, mais je souhaite rappeler d’emblée que nous ne saurions le faire en dehors des réalités.
Deux éléments sont particulièrement importants. L’affaiblissement continu de notre tissu économique et de nos entreprises, tout d’abord : quoi qu’on en dise, notamment à la droite de l’hémicycle, ce n’est pas en deux ans, d’un simple claquement de doigts, que l’on peut revenir sur la destruction de 750 000 emplois industriels, sur l’absence de politique industrielle et sur le paradoxe en vertu duquel la France, qui est probablement un des champions mondiaux de l’innovation, n’est pas en mesure de traduire cette capacité en création d’entreprises et d’emplois sur son territoire.
Nous partons donc de cet affaiblissement, attesté par les statistiques du commerce extérieur – il était équilibré en 2002, son déficit dépassait 70 milliards d’euros en 2012 –, mais aussi par la perte des emplois industriels ou encore la faiblesse du taux de marge des entreprises. Celle-ci n’est pas nouvelle. Certains semblent l’avoir découverte en 2012. Pas nous.
Le second élément, c’est la situation de nos finances publiques, qu’on ne peut pas balayer d’un revers de main. La dépense publique n’a jamais été aussi élevée. Les prélèvements obligatoires n’ont jamais été aussi élevés. La dette n’a jamais été aussi élevée. Ce que je vais dire s’adresse notamment à nos collègues qui siègent du côté gauche de cet hémicycle, mais qui ne partagent pas toutes les orientations de la majorité.