Intervention de Cécile Bazin

Réunion du 3 juillet 2014 à 8h00
Commission d'enquête chargée d'étudier les difficultés du monde associatif dans la période de crise actuelle, de proposeer des réponses concrètes et d'avenir pour que les associations puissent assurer leurs missions, maintenir et développer les emplois liés à leurs activités, rayonner dans la vie locale et citoyenne et conforter le

Cécile Bazin, directrice de l'association Recherches & Solidarités :

Notre réseau associatif d'experts travaille depuis dix ans sur les sujets de solidarité, la vie associative y tenant une grande part.

Au cours de ces dernières années, nous avons observé la création de 65 000 à 67 000 associations chaque année. Ce chiffre montre que la dynamique associative est forte et que le tissu se renouvelle, ce qui peut être perçu de façon positive dans une société où l'on déplore souvent le repli sur soi. Reste que la multiplication du nombre d'associations entraîne celle des besoins financiers et des besoins en bénévoles, phénomène qui peut aller jusqu'à provoquer une certaine concurrence entre associations.

Grâce à une coopération avec l'Agence centrale des organismes de sécurité sociale (ACOSS), avec les unions de recouvrement des cotisations de sécurité sociales et d'allocations familiales (URSSAF) et avec la Mutualité sociale agricole (MSA), nous disposons d'un tableau complet de l'emploi dans les associations. La croissance constante et régulière que nous avons observée en la matière s'est interrompue en 2010 et, en 2011, quelque 10 000 emplois ont même été perdus. En 2012-2013, l'activité a repris, mais notre suivi conjoncturel montre une légère baisse, à nouveau, au cours du premier trimestre de 2014 alors que l'emploi privé se maintenait.

Notre publication, La France associative en mouvement, repose essentiellement sur ces données trimestrielles, mais aussi sur une enquête auprès des responsables d'associations qui, d'annuelle, est devenue semestrielle depuis que la conjoncture s'est dégradée. Nous avons ainsi interrogé, au mois de mai, 1 700 dirigeants représentatifs du tissu associatif et nous avons constaté que, si l'évolution du bénévolat restait pour eux le sujet de préoccupation qu'elle est de longue date, leur situation financière et l'évolution des politiques publiques figuraient désormais parmi leurs principaux motifs d'inquiétude.

Une enquête importante menée en 2013 a montré que le nombre de bénévoles augmentait – ce dont on peut se réjouir –, mais qu'ils étaient moins nombreux à intervenir de manière régulière chaque semaine : ils ne sont plus que 4,5 millions aujourd'hui, contre 5,5 millions en 2010. Leur comportement change donc, leurs attentes également, et il revient aux associations d'en tenir compte.

Grâce aux données fournies par l'administration de Bercy, nous pouvons mesurer les dons aux associations déclarés par les contribuables dans le cadre de leur déclaration de revenus, étude que nous complétons par une enquête menée auprès des donateurs. Les petits donateurs sont de moins en moins nombreux, faute de moyens. Les donateurs qui estiment percevoir des revenus convenables se montrent eux aussi assez prudents et donnent un peu moins qu'auparavant. Si nous constatons néanmoins une hausse des dons – toutefois ralentie –, elle s'explique donc par une plus grande générosité des personnes les plus aisées.

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